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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/140

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DE PHILIPPE

Philippe hésita un moment à continuer : Dufresne va se reconnaître, songeait-il, et il avait un jour manifesté sa bonté par un de ces petits gestes qui touchaient Philippe.

Dufresne avait invité Philippe à dîner. La grosse poule, concubine du docteur, était là et ils avaient mangé de grillades de porc. C’était plus fort que Philippe, ces grillades le poussaient à continuer son article :

« Quand je mangeais chez lui, j’étais sûr qu’il n’avait pas assez des observances chrétiennes, il voulait aussi pécher contre la religion juive, en mangeant du cochon. Les incrédules sont souvent des paresseux qui ont pris tout de suite leur retraite : lui, dès qu’il est devenu incrédule, a voulu recommencer sa vie… »

Philippe se laissait aller à sa pente, il inventait : Dufresne n’avait jamais été croyant et il s’était marié tôt : Philippe continuait quand même à mentir, parce qu’il se plaisait à voir en Dufresne le défroqué qu’il aurait pu être :

« Par malheur, il a épousé une vieille femme qui lui dit encore : « Docteur », devant la visite. »

Philippe eut honte, d’autant qu’il n’aimait pas à flatter les catholiques, toujours heureux de voir la sensualité présider aux incroyances ; tant pis ! il leur en donnerait pour leur argent :

« Quand elle dit : docteur ! je traduis, devant cette calvitie, tonsure déguisée : M. l’abbé. Il avait cherché la sensualité chez les mystiques et,