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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/142

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DE PHILIPPE

ristes. Un petit rire sec qui fait grincer son râtelier : les défroqués ont toujours un râtelier, et cela fait drôle, comme s’ils voulaient s’ébattre à des exercices faunesques, ceux-là dont rêvent les chastes vieux garçons. Il n’enlève qu’un ou deux préceptes de morale, comme un gros homme décroche deux crans de sa ceinture, devant un bon repas. Ces incrédules croient qu’ils ne croient pas : si on leur pinçait le nez, il en sortirait de l’eau bénite… c’est parce qu’il avait faim, toutes les faims, que le docteur est sorti du séminaire. S’il savait que, les plaisirs du doute, l’Église les laisse à ses fidèles sous une forme assimilable… »

Philippe était content de lui, et il s’étendait voluptueusement dans son bien-être. C’est à peine, s’il eut le courage de formuler une dernière pointe :

« Le docteur parle toujours de l’amour chez la bête : s’il se contentait, comme les bêtes, de faire l’amour en saison… »

Philippe commençait à sommeiller, il commençait donc, dans une demi-conscience, à se demander s’il n’entrait pas en dépression et s’il ne lui faudrait chercher de nouveaux trucs. Le docteur Dufresne entra. Philippe leva la tête, brusquement :

— Chut ! dormez, je ne vous dérange pas, ce sont les journaux que je vous apporte, en passant.