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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/159

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LA FOLLE EXPÉRIENCE

— Ça coupe si bien les étoffes : pourquoi jeter ça ?

Chaque fois qu’on avait un petit ennui :

— Ah ! s’ils m’avaient pas.

Et, la porte s’ouvrant ou se fermant, Philippe entendait, ces jours de sa saison en enfer (ce fut une saison dans un enfer mesquin que son séjour chez la Maureault) il entendait la maritorne :

— Moi, je veux pas avoir besoin des autres… Je vous dis que c’est pas ni ci ni ça, il faut que cette porte soit fermée… Moi, je suis pas plus scrupuleuse qu’une autre, mais…

Elle n’était pas scrupuleuse, mais un jour qu’elle avait vu sur le lit de Philippe des journaux français, elle avait rougi jusqu’à ses tempes qui perdaient leurs cheveux :

— Vous avez pas honte !

C’était quelque dessin court vêtu.

— C’est pas mon affaire, mais je voudrais pas que vous laisseriez traîner des affaires pareilles.

Philippe l’entendit encore longtemps, cette voix, monter par l’escalier :

— Ils m’ont bien fait payer : il va payer, à cette heure.

Cette pieuse logeuse tenait à ses droits, et, lorsque, par exemple, elle recevait quelque inspecteur de la ville, c’est alors qu’elle était dans sa gloire. Sa grosse personne barrait le vestibule. Elle avait fermé la porte derrière elle,