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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/231

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LA FOLLE EXPÉRIENCE

Il n’y avait eu ni préambules ni circonlocutions :

– Tu me disais que si, un jour, tu avais des sous, tu m’épouserais : j’ai des sous à ta place…

Cette femme de tête prenait tout sur elle, et Philippe était embarqué. Il avait quelques scrupules : il ne l’aimait pas, maintenant, et, tout le reste de sa vie, il serait un parasite ; mais pouvait-il s’opposer à la volonté de Claire ?

Philippe se laissait faire. Il accepta tout, même que la tante Bertha vînt habiter chez eux : Claire voulait réhabiliter tout de Philippe, et adopter sa nouvelle famille. En vérité, Philippe passait des mains de la tante Bertha aux mains de Claire, qui s’emparait par la même occasion de la vieille dame. Philippe se laissait faire, parce qu’il ne savait comment se déprendre. C’était vraiment le mariage forcé de la comédie.

Si, du moins, il avait eu le dérivatif de la jaune ou de l’alcool : tout ça dégoûtait Philippe à un point qu’il n’y pouvait toucher. Et, le comble, c’est qu’il percevait que même la piété, aux commencements de sa nouvelle vie, lui avait été aussi une évasion, qu’il avait goûté cela à certains moments, comme on prend plaisir aux jouissances ordinaires : dans sa sécheresse, il ne pouvait que bénir Dieu de lui avoir laissé la foi et de lui faire comprendre enfin que le monde spirituel n’est pas le monde charnel.

Philippe préparait son mariage. Claire, il le savait, s’en occupait, quant à toutes les forma-