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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/232

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DE PHILIPPE

lités indispensables : lui, puérilement, songeait qu’il lui faudrait, sinon l’habit de noces du grand-père, du moins un complet plus convenable que celui qu’il portait. Il pensa au docteur Marquette, collectionneur de chaussures, qui avait peut-être des accointances chez les tailleurs.

Chez la Maureault, Philippe se débarrassa des questions de la dévote, qui lui rappelait trop la tante Bertha, et il grimpa tout de suite chez le docteur. Il le surprit en consultation, si l’on peut dire : un gros homme en petit caleçon qui se balançait sur la cathédramètre, des mollets obscènes, avec les marques des jarretelles.

— Excusez-moi…

— Entre hommes, ce n’est pas la peine.

Le docteur fit les présentations. C’était un pieux propriétaire, qui ne jurait que par ce docteur, par son notaire, « un vrai, un des rares notaires de famille » et par le chanoine, son ancien curé. Le docteur lui avait fait lire quelques articles de Philippe et le gros dévot disait, « pour faire plaisir » :

— Je trouve ça bien, mais je ne m’y connais pas : mon neveu, qui, lui, s’y connaît, affirme qu’il y a quelque chose là-dedans. Surtout, vous pensez bien, dans un temps où, malheureusement, jusqu’aux prêtres sont socialistes.

Cette parole incitait Philippe à la réflexion. N’était-il pas un hypocrite du genre de ce dévot