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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/100

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pendant une semaine entière, ont été fort intéressants. Comme ils ont fort bien vu que l’opinion publique hésitait encore sur ce qu’elle devait penser de Renan, ils se sont empressés à l’aider, et selon leur habitude, ils n’ont rien omis de ce qu’il fallait faire pour la rendre un peu plus incertaine d’elle-même. « Renan est à nous » disaient les uns ! et ils faisaient des citations probantes. « Il est à nous » répondaient les autres ! et ils produisaient des passages topiques. Le Temps, qui est une personne conciliante et grave, insinuait que peut-être Renan était-il à tout le monde ; et il le prouvait fort congrûment. Et le Figaro, qui n’avait vu dans l’affaire qu’une question politique, résumait le débat en ces termes :

« La politique n’étant qu’une perpétuelle fiction, frelate et dénature tout ce qu’elle touche. Voilà Renan ! Les sectaires du Bloc, démocrates, radicaux, socialistes, athées, révolutionnaires et anarchistes de tout poil vont demain s’incliner devant sa statue, et il n’y a pas d’écrivain au monde qui ait manifesté plus violemment son dédain, son mépris, son dégoût pour l’athéisme, le socialisme, la révolution, l’anarchie, la démocratie et même la République.