Aller au contenu

Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

religion » aux « religions » et prétendu dégager la première, en l’épurant, des ruines qu’en même temps il s’évertuait à faire des secondes. A ceux qui lui reprochaient son « impiété », sa prétention était de persuader qu’il était au contraire, lui, Renan, le seul « pieux » ; et quand on lui demandait s’il ne craignait pas, en propageant l’irréligion, d’enlever aux âmes chrétiennes leurs espérances avec leur foi, sa réponse était qu’au contraire, en les dégageant de tout ce qui les matérialise, il fondait « la foi profonde » et l’espérance éternelle.

Ce que seulement il faut bien voir, c’est que ce n’était point de sa part du calcul ou de la politique, et il était ainsi fait ! Il n’arrivait à l’affirmation, quand il y arrivait, qu’à travers un dédale infiniment compliqué de négations, de contradictions, d’hésitations et de doutes. Il s’attardait dans ce labyrinthe, et, visiblement, il s’y complaisait. Si quelque amoureuse Ariane lui eût tendu le fil conducteur, il l’eût doucement et poliment, — car c’était un homme plein de politesse, et même d’onction en son geste, — mais résolument repoussée. Sa grande préoccupation n’était point de résoudre des « questions »