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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/39

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La philosophie de Renan équivaut à une résolution de ne pas philosopher. Son « dogme absolu » n’est qu’une affirmation gratuite. C’était l’existence de Dieu qui « répugnait à sa raison » ! et moi, c’est la toute-puissance de la nature, ou de la matière, qui répugne à la mienne. Tout ce qu’il a le droit d’en conclure, c’est que nous n’avons pas le crâne fait de même. Il ne pouvait croire aux miracles sur lesquels le christianisme se fonde ! et, moi, je dis avec le poète que, « si le monde s’est converti au christianisme sans miracles, cela seul en est un si grand que les autres n’en sont pas le centième ».

Se ’l mondo si rivolse al cristianesmo
Diss’io, senza miracoli, quest’uno
È tal, che gli altri non sono ’l centesmo.

L’autorité de Dante, en cette matière, n’a rien qui le doive céder à celle d’Ernest Renan.

Quant à la principale conséquence qu’il a tirée de cette négation du surnaturel, et qui consiste, comme vous le savez, à substituer « la Science » dans toutes les fonctions — et dans tous les honneurs aussi, ne l’oublions pas ! — de la