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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/38

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Et, en effet, existe t-il un miracle attesté par une commission de l’Académie des sciences, consigné aux procès-verbaux, garanti par l’autorité de M. Berthelot ? C’est ce que se demandera « tout esprit cultivé ». Croire au surnaturel, dans le siècle de la vapeur et de l’électricité, c’est se décerner à soi-même un brevet d’ignorance. L’institutrice laïque elle-même aurait-elle ce courage ? Et si nous ne pouvons plus, si nous ne devons plus croire au surnaturel, que deviennent les religions, qui ne sont des religions, ou la religion, qu’autant qu’elles enseignent « l’intervention particulière des volontés réfléchies » dans l’histoire ; une Providence attentive aux joies comme aux souffrances de ses créatures ;

Et Dieu trouvé fidèle en toutes ses promesses ?

Ce n’est pas ici le lieu de répondre à ces sophismes, ou du moins quelques mots y pourront suffire, et nous nous bornerons à faire observer que, la philosophie de la « négation du surnaturel » n’étant que le transfert à la Nature du pouvoir que les religions reconnaissent à Dieu, on a bien posé la question, et on l’a littéralement « escamotée », mais on ne l’a pas résolue.