Aller au contenu

Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la porte des laboratoires ! Il a quelquefois essayé de se distinguer des « philosophes » du dix-huitième siècle, et, sur la fin de sa vie, quand un de ses clients entreprenait de le louer, — ce qui lui était toujours agréable, — l’éloge impliquait toujours un passage comme obligatoire, ou « de style », sur la subtilité, la délicatesse, et la haute impartialité de la pensée du maître, opposées à la grossièreté de la polémique antichrétienne de Voltaire. Que de précautions ! et que de ménagements ! Celui-là du moins, nous disait-on, n’avait rien démoli qu’à regret, avec des mains pieuses, comme autrefois il servait la messe, en demandant pardon à ses victimes de l’obligation où il était de leur faire tant de mal, — pour l’amour de la vérité[1] !

  1. Il avait lui-même indiqué le thème dans la Préface de ses premières Etudes d’histoire religieuse. « On ne peut être à la fois bon controversiste et bon historien. Voltaire, si faible comme érudit, qui nous semble si dénué du sentiment de l’antiquité, à nous autres qui sommes initiés à une méthode meilleure, Voltaire est vingt fois victorieux d’adversaires encore plus dépourvus de critique qu’il ne l’est lui-même. La nouvelle édition qu’on prépare — 1856 — des œuvres de ce grand homme satisfera au besoin que le moment présent semble éprouver de faire une réponse aux envahissements de la théologie. »

    Il faut rapprocher de cette déclaration, à laquelle sans doute il attachait quelque importance, puisqu’il l’a reproduite dans l’Introduction de ses Apôtres, le passage suivant d’un article sur M. Feuerbach et la nouvelle Ecole hégélienne. Feuerbach, l’un des précurseurs de Nietzsche, à bien des égards, et non pas le