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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/64

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Et on ne pouvait s’empêcher de faire une comparaison ! On songeait vaguement, mais irrésistiblement à Taine, son rival de gloire et de popularité, qui, tandis que l’ancien séminariste blasphémait dans la « chaleur communicative des banquets », donnait, au contraire, lui, l’ancien normalien, à sa courageuse et âpre recherche de la vérité, je ne sais quel caractère ou quel accent de plus en plus voisins de la prière.

La comparaison se précisait et se prolongeait en parallèle.

On se rappelait qu’au temps où Renan défendait contre les assauts du matérialisme la « Catégorie de l’Idéal », c’était le temps où le naturalisme se réclamait de Taine ; — et il semblait alors qu’il en eût le droit.

On se souvenait encore que, tandis que Taine, en faisant l’éloge de La Fontaine, célébrait les vertus de l’« Esprit gaulois », c’était l’époque où Renan, lui, n’y voyait que l’expression du « vice égrillard », la « coquetterie de l’immoralité », la « gentillesse du mal », et généralement les qualités que nos pères faisaient profession d’admirer dans les Oies du frère Philippe, ou dans Mazet de Lamporecchio.