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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/85

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religion et la démocratie, je ne dirais pas ne sont qu’une, — ce qui serait tomber dans Terreur de Lamennais, — mais ne sauraient, sans dommage pour toutes les deux, se séparer, l’une de l’autre, il ne s’en est pas douté, mais ce n’est pas le moindre service qu’il nous aurait rendu.

Ne demeure-t-il donc rien de ses Histoires ? de ses Origines du Christianisme ou de son Histoire d’Israël ? et comment, si les idées directrices n’en sont pas défendables, en expliquerons-nous le prodigieux succès ?

J’ai déjà dit. Monsieur, que la trame d’érudition en était résistante et solide. Mais, de plus, Renan a eu le sentiment très vif de l’écoulement successif, ou du devenir perpétuel, des choses. Il n’y a d’histoire que de ce qui devient, ou, si vous l’aimez mieux, que de ce qui se meut, et tout le monde le sait, mais peu d’historiens s’en souviennent, quand ils écrivent ; et moins nombreux encore sont ceux qui, tout en le sachant, réussissent à nous en rendre la sensation. Renan y a généralement réussi. Ses Histoires sont en mouvement ! Les faits ne s’y succèdent pas