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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 2.pdf/297

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accidents et dont toutes les couches sont fort inclinées. On en a de grands exemples dans plusieurs endroits des Pyrénées où l’on en voit qui sont inclinées de 45, 50 et même 60 degrés au-dessous de la ligne horizontale, ce qui semble prouver qu’il s’est fait de grands changements dans ces montagnes par l’affaissement des cavernes souterraines sur lesquelles leur masse était autrefois appuyée.


VI. — Sur les pics des montagnes.

J’ai tâché d’expliquer comment les pics des montagnes ont été dépouillés des sables vitrescibles qui les environnaient au commencement, et mon explication ne pèche qu’en ce que j’ai attribué la première formation des rochers qui forment le noyau de ces pics à l’intermède de l’eau, au lieu qu’on doit l’attribuer à l’action du feu : ces pics ou cornes de montagnes ne sont que des prolongements et des pointes de la roche intérieure du globe, lesquelles étaient environnées d’une grande quantité de scories et de poussière de verre ; ces matières divisées auront été entraînées dans les lieux inférieurs par les mouvements de la mer dans le temps qu’elle a fait retraite, et ensuite les pluies et les torrents des eaux courantes auront encore sillonné du haut en bas les montagnes, et auront par conséquent achevé de dépouiller les masses de roc vif qui formaient les éminences du globe, et qui par ce dépouillement sont demeurées nues et telles que nous les voyons encore aujourd’hui. Je puis dire, en général, qu’il n’y a aucun autre changement à faire dans toute ma Théorie de la Terre que celui de la composition des premières montagnes qui doivent leur origine au feu primitif, et non pas à l’intermède de l’eau, comme je l’avais conjecturé, parce que j’étais alors persuadé, par l’autorité de Woodward et de quelques autres naturalistes, que l’on avait trouvé des coquilles au-dessus des sommets de toutes les montagnes ; au lieu que, par des observations plus récentes, il parait qu’il n’y a pas de coquilles sur les plus hauts sommets, mais seulement jusqu’à la hauteur de deux mille toises au-dessus du niveau des mers ; d’où il résulte qu’elle n’a peut-être pas surmonté ces hauts sommets ou du moins qu’elle ne les a baignés que pendant un petit temps, en sorte qu’elle n’a formé que les collines et les montagnes calcaires qui sont toutes au-dessous de cette hauteur de deux mille toises.





ADDITIONS

À L’ARTICLE QUI A POUR TITRE : DES FLEUVES.



I. — Observations qu’il faut ajouter à celles que j’ai données sur la théorie des eaux courantes.

Au sujet de la théorie des eaux courantes, je vais ajouter une observation nouvelle, que j’ai faite depuis que j’ai établi des usines, où la différente vitesse de l’eau peut se reconnaître assez exactement. Sur neuf roues qui composent le mouvement de ces usines, dont les unes reçoivent leur impulsion par une colonne d’eau de deux ou trois pieds, et les autres de cinq à six pieds de hauteur, j’ai été assez surpris d’abord de voir que toutes ces roues tournaient plus vite la nuit que le jour, et que la différence était d’autant plus grande que la colonne d’eau était plus haute et plus large. Par exemple, si l’eau a six pieds de chute, c’est-à-dire si le bief près de la vanne a six pieds de hauteur d’eau et que l’ouverture de la vanne ait deux pieds de hauteur, la roue tournera, pendant la nuit, d’un