Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 3.pdf/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

restres ou fluviatiles ; la seconde formation est celle de ces pierres mêlées de petites vis et limaçons fluviatiles ou terrestres ; et la troisième sera celle des pierres qui, ne contenant aucunes coquilles marines ou terrestres, n’ont été formées que des détriments et des débris réduits en poussière des unes ou des autres[1][NdÉ 1].

  1. « N’y aurait-il pas des pierres de troisième et peut-être de quatrième formation ? Les carrières qui se trouvent dans les plaines à de grandes distances des montagnes, et dont la pierre est si différente de celle d’ancienne formation, semblent annoncer plusieurs décompositions, et conséquemment plusieurs formations.

    » Les carrières de seconde formation, non seulement ne sont pas aussi étendues que les anciennes carrières, mais elles sont toujours placées au-dessous des montagnes dominantes ; elles sont plus proches de la surface de la terre ; leurs bancs réunis ont moins d’épaisseur que les carrières de première formation. Ces carrières plus nouvelles contiennent rarement plus d’un ou deux bancs : on en voit, comme celles d’Asnières, à deux lieues de Dijon, sur la route d’Is-sur-Tille, où il n’y a qu’un seul banc de cinq à six toises d’épaisseur, sans aucuns lits, et presque sans joints perpendiculaires.

    » La petite montagne où se trouve cette carrière est plus basse que la chaîne qui traverse la Bourgogne du nord au sud ; elle est isolée et séparée de cette chaîne par le vallon de Vanton.

    » La carrière d’Is-sur-Tille ressemble beaucoup à celle d’Asnières, excepté qu’elle a le grain moins fin ; elle est de même dans un monticule, isolée et séparée de la grande chaîne par un vallon assez profond : il se trouve dans cette pierre quelques cavités remplies d’un spath fort dur et transparent. La pierre d’Asnières, qui est éloignée de trois lieues de celles-ci, n’offre pas les mêmes accidents ; elle est d’une pâte plus douce, plus blanche, et d’un grain plus fin ; il n’y a aucun lit marqué dans la carrière d’Is-sur-Tille, où l’on coupe la pierre à volonté, de toute longueur et épaisseur.

    » La carrière de Tonnerre est située comme les deux précédentes : cette pierre a le grain encore plus fin, mais plus compact que celle des deux premières.

    » La carrière des Montots, située à Puligny, près Clugny, est encore de même nature que les précédentes ; elle est située au pied de la chaîne de montagnes qui traverse la Bourgogne, mais elle n’est pas isolée : la pierre est rousse, parfaitement pleine, plus dure, mais d’un grain aussi fin que celle des carrières précédentes ; les bancs ont une très grande épaisseur, et elle est très propre pour la sculpture. » Note communiquée par M. Dumorey, ingénieur du Roi et en chef de la province de Bourgogne.

  1. Buffon a raison de poser, dans la note a, cette question : « N’y aurait-il pas des pierres de troisième et peut-être de quatrième formation ? » Il n’y a pas, en effet, de roches qui soient plus répandues à la surface de notre globe et qui aient été plus souvent remaniées et déplacées que les roches calcaires. Chaque âge de la terre a vu se produire une ou plusieurs formations de roches calcaires. Dès le premier âge géologique connu, dans les formations laurentiennes, on trouve un calcaire cristallin s’intercalant au gneiss en couches de 300 à 400 mètres d’épaisseur, et se faisant remarquer par sa richesse en minéraux accessoires (grenat, épidote, zircon, tourmaline,  etc.). Dans beaucoup de localités, il est dolomitique et passe même, dans certains points, à la dolomite véritable. C’est dans le calcaire cristallin des formations laurentiennes du Canada, de l’Écosse et de la Bavière que l’on a trouvé les concrétions connues sous le nom d’Eozoon canadense, considérées par beaucoup de paléontologistes comme un foraminifère et comme le fossile le plus ancien que nous connaissions. Ces concrétions se présentent sous l’aspect de nids, ayant plus de 30 centimètres cubes, disposés irrégulièrement les uns au-dessus des autres et formés de bandes ondulées de calcaire grenu alternant avec des bandes de serpentine. « Ces bandes de serpentine ont été considérées comme les restes d’un foraminifère géant, l’Eozoon, et les couches calcaires dans lesquelles elles se trouvent comme des récifs de foraminifères correspondant aux bancs de coraux récents ou aux roches nummulitiques. Dans cette supposition, l’Eozoon se serait accru par le développement de chambres irrégulières, superposées, séparées par des lamelles calcaires qui restaient en communication avec des canaux irrégulièrement distribués et fine-