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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 3.pdf/150

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Le canton de Berne renferme aussi différentes sortes de marbres : il y en a dont le fond est couleur de chair à Scheuznach, et tout auprès de ce marbre couleur de chair on en voit du noir. Entre Aigle et Olon, on tire encore du marbre noir ; à Spiez, le marbre noir est veiné de blanc, et à Grindelwald il est entièrement noir[1].

Les marbres d’Italie sont en fort grand nombre, et ont plus de réputation que tous les autres marbres de l’Europe ; celui de Carrare, qui est blanc, se tire vers les côtes de Gênes, et en blocs de telle grandeur que l’on veut ; son grain est cristallin, et il peut être comparé, pour sa blancheur, à l’ancien marbre de Paros.

Le marbre de Saravezza, qui se trouve dans les mêmes montagnes que celui de Carrare, est d’un grain encore plus fin que ce dernier : on y voit aussi un marbre rouge et blanc, dont les taches blanches et rouges sont quelquefois tellement distinctes les unes des autres, que ce marbre ressemble à une brèche et qu’on peut lui donner le nom de brocatelle ; mais il se trouve de temps en temps une teinte de noirâtre mélangée dans ce marbre. Sa carrière est en masse presque continue comme celui de Carrare, et comme celles de tous les autres marbres cristallins blancs ou d’autres couleurs qui se trouvent dans le Siennois et dans le territoire de Gênes : tous sont disposés en très grandes masses, dans lesquelles on ne voit aucun indice de coquilles, mais seulement quelques crevasses qui sont remplies par une cristallisation de spath calcaire[2]. Ainsi il ne paraît pas douteux que tous ces marbres ne soient de seconde formation.

Les environs de Carrare fournissent aussi deux sortes de marbres verts : l’une, que l’on nomme improprement vert d’Égypte, est d’un vert foncé avec quelques taches de blanc et de gris de lin ; l’autre, que l’on nomme vert de mer, est d’une couleur plus claire mêlée de veines blanches.

On trouve encore un marbre sur les côtes de Gênes, dont la couleur est d’un gris d’ardoise mêlé de blanc sale ; mais ce marbre est sujet à se tacher et à jaunir après avoir reçu le poli.

On tire encore sur le territoire de Gênes le marbre porto-venere ou porte-cuivre, dont la couleur est noire, veinée de jaune, et qui est moins estimé lorsqu’il est veiné de blanchâtre.

Le marbre de Margore, qui se tire du Milanez, est fort dur et assez commun : sa couleur est un gris d’ardoise mêlé de quelques veines brunes ou couleur de fer.

Dans l’île d’Elbe, on trouve à Sainte-Catherine une carrière abondante de marbre blanc veiné de vert noirâtre[3].

Le beau marbre de Sicile est d’un rouge brun mêlé de blanc et isabelle : ces couleurs sont très vives et disposées par taches carrées et longues.

Tous les marbres précédents sont modernes ou nouvellement connus : les carrières de ceux que l’on appelle antiques sont aujourd’hui perdues, comme nous l’avons dit, et réellement perdues à jamais, parce qu’elles ont été épuisées ainsi que la matière qui les formait : on ne compte que treize ou quatorze variétés de ces marbres antiques[4], dont nous ne ferons pas l’énumération, parce qu’on peut se passer de décrire, dans une histoire naturelle générale, les détails des objets particuliers qui ne se trouvent plus dans la nature.

Le marbre blanc de Paros est le plus fameux de tous ces marbres antiques : c’est celui

  1. M. Guettard, Mém. de l’Académie des sciences, année 1752, p. 325 et suiv.
  2. Lettres sur la minéralogie, par M. Ferber, traduites par M. le baron de Dietrich, p. 449 et suiv.
  3. Observations sur les mines de fer de l’île d’Elbe, par M. Ermenegildo Fini ; Journal de physique, mois de décembre 1778.
  4. Voyez l’Encyclopédie, article Maçonnerie.