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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 3.pdf/65

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élevées aient été recouvertes des productions de la mer ou cachées sous l’argile, le schiste et les autres matières transportées par les eaux ; plusieurs montagnes, telles que les Vosges, moins hautes que ces grands sommets, sont composées de granits qui n’offrent aucun vestige de productions marines, et ces granits ne sont pas surmontés de bancs calcaires, quoique la mer ait porté dans d’autres endroits ses productions à de bien plus

    granit ou à côté de lui, et que les montagnes calcaires ou autres couches de pierres ou de terres amenées par les eaux ont encore été placées par-dessus le schiste. » Ferber, Lettres sur la minéralogie, p. 495 et 496. — « Plusieurs montagnes au-dessus du lac de Côme, dans le canton appelé la Grigna, sont composées de granit ; telles sont celles qui environnent en forme d’amphithéâtre le lago Maggiore, sur lequel sont les charmantes îles Borromées : ce granit a une couleur de chair pâle. » Idem, p. 473. — Le même M. Ferber dit expressément ailleurs (p. 343) que la partie la plus élevée des Alpes, entre l’Italie et l’Allemagne, est de granit ; et il ajoute que ces granits européens ne diffèrent en aucune façon du granit oriental.

    Tous les pays du monde offriront donc des granits dans leurs chaînes de montagnes primitives, et si les observations sur cet objet ne sont pas plus multipliées, c’est que de justes notions du règne minéral, pris en grand, paraissent avoir jusqu’ici manqué aux observateurs. Quoi qu’il en soit, toutes nos provinces montagneuses, l’Auvergne, le Dauphiné, la Provence, le Languedoc, la Lorraine, la Franche-Comté et même la Bourgogne vers Semur, offrent des granits. La Bretagne depuis la Loire, et partie de la Normandie touchant à la Bretagne, en comprenant Mortain, Argentan, Lisieux, Bayeux, Cherbourg, est appuyée sur une masse de granit. La Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ont les leurs. Les montagnes de la Corse et celles de l’île d’Elbe en sont formées. « Il s’y en trouve, dit M. Ferber (p. 441), qui est violet et très beau, parce que le feldspath est violet, à grands cubes, larges ou épais, oblongs ou polygones. »

    « Le bas de la montagne de Volvic (en Auvergne) qui a brûlé, est, dit M. Guettard, composé de granits de différentes couleurs ; il y en a de blanc, jaunâtre et gris, qui a des grains de moyenne grosseur bien liés, et un peu de paillettes talqueuses d’un argenté brillant ; un autre est blanc pointillé de noir à grains moyens et serrés, et à paillettes talqueuses brunes ou noires ; il ressemble beaucoup au carreau de Saint-Sever en Normandie ; un troisième est encore blanc, mais fouetté de jaunâtre et pointillé de brun et de noir ; ces grains sont de moyenne grosseur, serrés, et les paillettes talqueuses, brunes et petites ; les deux suivants sont jaunes, le premier est lavé de blanc pointillé de brun et de noir ; ces grains sont peu liés, de moyenne grosseur, serrés, et les paillettes talqueuses, brunes et petites ; on y remarque, outre cela, des plaques qui ont un coup d’œil de spath ; le second est jaune rouille de fer pointillé de blanc, à grains moyens, très peu liés et à paillettes petites et brunes ; enfin, des deux autres, l’un est noir et couleur de chair, à grains serrés et petits, mêlés d’un peu de talc brun ; l’autre est couleur de cerise foncée et brune, à grains moyens et un peu serrés, et à paillettes talqueuses d’un brun tirant sur le noir. Il y a encore de cette espèce de pierre le long du chemin qui conduit de Clermont au Mont-d’Or ; j’en ai observé qui étaient d’un blanc jaunâtre, sans paillettes talqueuses, et dont le grain était très serré ; ces granits étaient traversés par des veines de quelques lignes d’épaisseur d’un quartz blanc sale et demi-transparent ; d’autres étaient couleur de cerise vif, fouetté de brun avec quelques paillettes talqueuses d’un brun doré, ou bien ils étaient gris blanc avec de très grandes plaques de quartz : cette pierre se rencontre aussi sur la route de Clermont à Pont-Gibaud, à Rajat, sur le chemin de Rochefort à Pont-Gibaud, dans les environs de Clermont et du Puy-de-Dôme, dont la base est de cette pierre, à Gergovie, où il paraît décomposé : tous ces granits sont de différentes couleurs. Auprès d’Aurillac, dans la commanderie de la Salvetat, il y en a de rouges ; toutes les montagnes du canton de Courpierre sont, à ce qu’on dit, composées en grande partie de granits remplis de talc blanc et jaune. » Mémoires sur la minéralogie d’Auvergne, dans ceux de l’Académie des sciences, année 1759.

    Quoique les montagnes qui sont auprès de l’Escurial paraissent toutes de granit bleu, on en trouve aussi du rouge comme celui d’Égypte… Il se décompose au contact de l’air,