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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 3.pdf/81

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deur dans le milieu d’un vallon, surmonté des deux côtés par des collines de même glaise, couronnées de rochers calcaires jusqu’à trois cent cinquante ou quatre cents pieds de hauteur ; et j’ai prié un de nos bons observateurs en ce genre de tenir registre exact de ce que cette fouille présenterait ; il a eu la bonté de le faire avec la plus grande attention, comme on peut le voir par la note qu’il m’en a remise, et qui suffira pour donner une idée de la disposition des différents lits de glaise et de la nature des matières qui s’y trou-

    qui n’avaient que deux ou trois pouces d’épaisseur, étaient formés d’une terre grasse d’un gris bleuâtre, mais marbré d’un jaune foncé, de la couleur de la couche supérieure ; ces lits paraissaient exactement horizontaux, et étaient coupés, comme ceux des carrières, par des fentes perpendiculaires qui étaient si près les unes des autres qu’il n’y avait pas entre les plus éloignées un demi-pouce de distance ; cette terre était très-humide et molle ; on y trouva des bélemnites et une très grande quantité de petits peignes ou coquilles de Saint-Jacques, qui n’avaient guère plus d’épaisseur qu’une feuille de papier et pas plus de quatre ou cinq lignes de diamètre ; ces coquilles étaient cependant toutes très entières et bien conservées, et la plus grande partie était adhérente à une matière terreuse qui augmentait leur épaisseur d’environ une ligne ; mais cette croûte terreuse, qui n’était qu’à la partie convexe de la coquille, s’en séparait en se desséchant, et on la distinguait alors facilement de la vraie coquille : on y trouva encore de petits pétoncles, de l’espèce de ceux qu’on nomme cunei, et ces coquilles étaient placées, non pas dans les fentes horizontales des couches, mais entre leurs petites stratifications, et elles étaient toutes à plat et dans une situation parallèle aux couches. Il y avait aussi dans ces mêmes couches des pyrites vitrioliques ferrugineuses qui étaient aplaties et terminées irrégulièrement, et qui n’étaient point formées intérieurement par des rayons tendant au centre comme elles le sont ordinairement : la coupe de ces terres s’étant ensuite desséchée, les couches limoneuses se séparèrent par une grande gerçure des couches argileuses.

    À huit pieds de profondeur, on s’aperçut d’une petite source d’eau qui avait son issue du côté de l’étang dont on a parlé, mais qui disparut le lendemain ; on remarqua qu’à cette profondeur les couches commençaient à avoir une plus grande épaisseur, que leur couleur était plus brune, et qu’elles n’étaient plus marbrées de jaune intérieurement comme les premières : cette couleur ne paraissait plus qu’à la superficie, et ne pénétrait dans les couches que de l’épaisseur de quelques lignes, et les fentes perpendiculaires étaient plus éloignées les unes des autres ; la superficie des couches parut à cette profondeur toute parsemée de paillettes brillantes, transparentes et séléniteuses ; ces paillettes, à la chaleur du soleil, devenaient presque dans l’instant blanches et opaques : ces couches contenaient les mêmes espèces de coquillages que les précédentes, et à peu près dans la même quantité. On y trouva aussi un grand nombre de racines d’arbres aplaties et pourries, dans lesquelles les fibres ligneuses étaient encore très apparentes, quoiqu’il n’y ait point actuellement d’arbres dans ce terrain, et jusque-là on n’aperçut dans ces couches ni sable, ni gravier, ni aucune sorte de terre.

    Depuis huit pieds jusqu’à douze, les couches d’argile se trouvèrent encore un peu plus brunes, plus épaisses et plus dures : outre les coquilles des couches supérieures dont on a parié, il y avait une grande quantité de petits pétoncles à stries demi-circulaires, que les naturalistes nomment fasciati, dont les plus grands n’avaient qu’un pouce de diamètre, et qui étaient parfaitement conservés entre ces couches ; et à dix pieds de profondeur on trouva un lit de pierre très mince coupé par un grand nombre de fentes perpendiculaires, et cette pierre, semblable à la plupart des pierres argileuses, était brune, dure, aigre et d’un grain très fin.

    À la profondeur de douze pieds jusqu’à seize, l’argile était à peu près de la même qualité ; mais il y avait plus d’humidité dans les fentes horizontales, et la superficie était hérissée de petits grains un peu allongés, brillants et transparents, qui, dans un certain sens, s’exfoliaient comme le gypse, et qui, vus à la loupe, paraissaient avoir six faces, comme les aiguilles de cristal de roche, mais dont les extrémités étaient coupées obliquement et dans le même sens : après avoir lavé une certaine quantité de ces concrétions et leur avoir fait éprouver une chaleur modérée, elles devinrent très blanches ; broyées et détrempées dans