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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/427

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uni avec la mine de fer, il ne s’allie que très difficilement par la fusion avec ce métal ; il rend tous les métaux aigres et cassants ; il augmente la densité du cuivre et du plomb, mais il diminue celle de l’étain, du fer et du régule d’antimoine ; l’arsenic et le zinc, traités ensemble au feu de sublimation, forment une masse noire qui présente dans sa cassure une apparence plutôt vitreuse que métallique[1] ; il s’amalgame très bien avec le mercure[2] : « Si l’on verse, dit M. de Morveau, le zinc fondu sur le mercure, il se fait un bruit pareil à celui que fait l’immersion subite d’un corps froid dans de l’huile bouillante ; l’amalgame paraît d’abord solide, mais il redevient fluide par la trituration ; la cristallisation de cet amalgame laisse apercevoir ses éléments, même à la partie supérieure qui n’est pas en contact avec le mercure, ce qui est différent des autres amalgames… une once de zinc retient deux onces de mercure[3]. » J’observerai que cette solidité que prend d’abord cet amalgame ne dépend pas de la nature du zinc, puisque le mercure seul, versé dans l’huile bouillante, prend une solidité même plus durable que celle de cet amalgame de zinc.

Les affinités du zinc avec les métaux sont, selon M. Geller, dans l’ordre suivant : le cuivre, le fer, l’argent, l’or, l’étain et le plomb.

Autant la chaux de plomb est facile à réduire, autant la chaux ou les fleurs de zinc sont de difficile réduction ; de là vient que la céruse ou blanc de plomb devient noire par la seule vapeur des matières putrides, tandis que la chaux de zinc conserve sa blancheur : c’est d’après cette propriété éprouvée par la vapeur du foie de soufre que M. de Morveau a proposé le blanc de zinc comme préférable, dans la peinture, au blanc de plomb ; les expériences comparées ont été faites cette année 1781, dans la séance publique de l’Académie de Dijon ; elles démontrent qu’il suffit d’ajouter à la chaux du zinc un peu de terre d’alun et de craie pour lui donner du corps et en faire une bonne couleur blanche, bien plus fixe et bien moins altérable à l’air que la céruse ou blanc de plomb qu’on emploie ordinairement dans la peinture à l’huile.

Le zinc est attaqué par tous les acides, et même la plupart le dissolvent assez facilement : l’acide vitriolique n’a pas besoin d’être aidé pour cela par la chaleur, et le zinc paraît avoir plus d’affinité qu’aucune autre substance métallique avec cet acide ; il faut seulement, pour que la dissolution s’opère promptement, lui présenter le zinc en petites grenailles ou en lames minces, et mêler l’acide avec un peu d’eau, afin que le sel qui se forme n’arrête pas la dissolution par le dépôt qui s’en fait à la surface. Cette dissolution laisse, après l’évaporation, des cristaux blancs : ce vitriol de zinc est connu sous le nom de couperose blanche, comme ceux de cuivre et de fer, sous les noms de couperose bleue et de couperose verte. Et l’on doit observer que les fleurs de zinc, quoiqu’en état de chaux, offrent les mêmes phénomènes avec cet acide que le zinc même, ce qui ne s’accorde point avec la théorie de nos chimistes, qui veulent qu’en général les chaux métalliques ne puissent être attaquées par les acides. Ce vitriol de zinc ou vitriol blanc se trouve dans le sein de la terre[4], rarement en cristaux réguliers, mais plutôt en stalactites, et quelquefois en filets blancs : il se couvre d’une efflorescence bleuâtre s’il contient du cuivre.

L’acide nitreux dissout le zinc avec autant de rapidité que de puissance, car il peut en dissoudre promptement une quantité égale à la moitié de son poids : la dissolution satu-

  1. Idem, t. II, p. 337.
  2. L’amalgame composé de quatre parties de mercure sur une de zinc est bien plus propre à produire l’électricité que l’amalgame de mercure et d’étain. Journal de physique, mois de novembre 1780, p. 372.
  3. Éléments de chimie, par M. de Morveau, t. III, p. 444 et 445.
  4. On n’a point encore trouvé, dit M. Bergman, d’autres sels de zinc, dans le sein de la terre, que celui qui vient de l’acide vitriolique ; et le vitriol natif de zinc est rarement pur, mais mêlé au cuivre ou au fer, et souvent à tous deux. Dissertation sur le zinc.