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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/606

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de mer, qui ne se trouvent que dans les mers des climats méridionaux, en fournissent aussi ; mais les huîtres sont l’espèce qui en fournit le plus.

On en trouve aux îles Philippines[1], à celle de Ceylan[2], et surtout dans les îles du golfe Persique[3]. La mer qui baigne les côtes de l’Arabie du côté de Moka en fournit aussi[4] ; et la baie du cap Comorin, dans la presqu’île occidentale de l’Inde, est l’endroit de la terre le plus fameux pour la recherche et l’abondance des belles perles[5]. Les Orien-

    renferment des perles. Les plus grosses et les plus belles se trouvent dans une huître qui est à peu près de la largeur de la main, mince, frêle, unie et luisante au dehors, un peu raboteuse et inégale en dedans, d’une couleur blanchâtre, aussi éclatante que la nacre ordinaire, et difficile à ouvrir. On ne voit de ces coquilles qu’aux environs de Satsuma et dans le golfe d’Omura. Histoire générale des Voyages, t. IV, p. 322 et suiv.

  1. Les mers voisines de Mindanao produisent de grosses perles. Histoire générale des Voyages, t. X, p. 399.
  2. Idem, t. VII, p. 534.
  3. L’île de Garack, une des plus considérables du golfe Persique, regarde vers le midi l’île de Baharem, où se pêchent les plus belles perles de l’Orient. Idem, t. IX, p. 9. — Cette île de Garack fournit elle-même de très belles perles qui se pêchent sur ses côtes, et qui se transportent dans toute l’Asie et en Europe ; les connaisseurs conviennent qu’il y en a peu d’aussi belles. La pêche des perles, dans l’île de Garack, commence au mois d’avril et dure six mois entiers.

    Aussitôt que la saison est arrivée, les principaux Arabes achètent des gouverneurs, pour une somme d’argent, la permission de pêcher. Il se trouve des marchands qui emploient jusqu’à vingt ou trente barques. Ces barques sont fort petites et n’ont que trois hommes, deux rameurs et un plongeur ; lorsqu’ils sont arrivés sur un fond de dix à douze brasses, ils jettent leurs ancres. Le plongeur se pend au cou un petit panier qui lui sert à mettre les nacres : on lui passe sous les bras et on lui attache au milieu du corps une corde de longueur égale à la profondeur de l’eau ; il s’assied sur une pierre qui pèse environ cinquante livres, attachée par une autre corde de même longueur, qu’il serre avec les deux mains pour se soutenir et ne la pas quitter lorsqu’elle tombe avec toute la violence que lui donne son poids. Il prend soin d’arrêter le cours de sa respiration par le nez avec une sorte de lunette qui le lui serre. Dans cet état, les deux hommes le laissent tomber dans la mer avec la pierre sur laquelle il est assis et qui le porte rapidement au fond. Ils retirent aussitôt la pierre, et le plongeur demeure au fond de l’eau pour y ramasser toutes les nacres qui se trouvent sous sa main ; il les met dans le panier à mesure qu’elles se présentent, sans avoir le temps de faire un grand choix, qui serait d’ailleurs difficile, parce qu’elles n’ont aucune marque à laquelle on puisse distinguer celles qui contiennent des perles ; la respiration lui manque bientôt, il tire une corde qui sert de signal à ses compagnons, et revenant en haut, dans l’état qu’on peut s’imaginer, il y respire quelques moments. On lui fait recommencer le même exercice, et toute la journée se passe à monter et à descendre. Cette fatigue épuise tôt ou tard les plongeurs les plus robustes. Il s’en trouve néanmoins qui résistent longtemps, mais le nombre en est petit, au lieu qu’il est fort ordinaire de les voir périr dès les premières épreuves.

    C’est le hasard qui fait trouver les perles dans les nacres ; cependant on est toujours sûr de tirer, pour fruit du travail, une huître d’excellent goût et quantité de beaux coquillages. Le pêcheur, comme ayant plus de peine que les autres, a la plus grande part au profit de la pêche. Idem, t. IX, p. 9 et 10. — Il vient d’Ormus à Goa des perles fines qui se pêchent dans ce détroit, et qui sont les plus grosses, les plus nettes et les plus précieuses de l’univers. Idem, t. VII, p. 230.

  4. Sur les côtes des îles Alfas, les Maures viennent faire la pêche des perles. Idem, t. Ier, p. 146. — La côte de Zabid, à trois journées de Moka, fournit un grand nombre de perles orientales. Idem, ibid., p. 152.
  5. C’est précisément au cap Comorin, dans la presqu’île occidentale de l’Inde, que commence la côte de la pêche des perles. Elle forme une espèce de baie qui a plus de quarante lieues, depuis le cap Comorin jusqu’à la pointe de Romanaçar, où l’île de Ceylan est unie à