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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/631

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meilleures se tirent près de Saint-Aignan en Berri ; on en fait un assez grand commerce, et l’on prétend qu’après avoir épuisé la carrière de ces pierres, il s’en reproduit de nouvelles[1] : il serait facile de vérifier ce fait, qui me paraît probable, s’il ne supposait pas un très grand nombre d’années pour la seconde production de ces pierres qu’il serait bon de comparer avec celles de la première formation. On en trouve de même dans plusieurs autres contrées de l’Europe[2], et notamment dans les pays du Nord : on en connaît aussi en Asie[3] et dans le nouveau continent comme dans l’ancien[4] ; la plupart des galets que la mer jette sur les rivages[5] sont de la même nature que les pierres à fusil, et l’on en voit, dans quelques anses, des amas énormes : ces galets sont polis ; arrondis et aplatis et

    à une demi-lieue du Cher, vers le midi, sont les endroits de la France qui produisent les meilleures pierres à fusil, et presque les seules bonnes : aussi en fournissent-ils non seulement la France, mais assez souvent les pays étrangers. On en tire de là sans relâche depuis longtemps, et cependant les pierres à fusil n’y manquent jamais ; dès qu’une carrière est vide, on la ferme et, quelques années après, on y trouve des pierres à fusil comme auparavant. Histoire de l’Académie des sciences, année 1738, p. 36. — Les particularités que l’on remarque dans la montagne Sainte-Julie, près Saint-Paul-Trois-Châteaux, sont d’avoir un lit de pierres à fusil brun olivâtre ou blanc, mamelonné ou sans mamelons, posé au-dessous des rochers graveleux ; ce lit, s’il ne règne pas dans toute l’étendue de la montagne, s’y fait voir dans une très grande longueur. On observe, dans la pierre à fusil blanche, de petits buccins devenus agates ; lorsqu’on monte cette montagne, on rencontre des morceaux de cette pierre plus ou moins gros, dispersés çà et là, mais ces morceaux se sont détachés du banc ; il y en a dont les mamelons sont assez gros et variés par les couleurs, ce qui leur donne un certain mérite et pourrait engager à les travailler, comme les agates et les jaspes, d’autant qu’ils prendraient un beau poli. Mémoires sur la minéralogie du Dauphiné, par M. Guettard, t. Ier, p. 166.

  1. Voyez la note précédente, et l’Encyclopédie, article Pierres à fusil.
  2. Olaüs Borrichius (Actes de Copenhague, année 1676) dit qu’il y a dans l’île d’Anholt, située sur le golfe de Codan, des cailloux blancs, noirs ou d’autres couleurs, qui sont enfouis dans le sable de côté et d’autre ; ils ont un doigt d’épaisseur, et ils sont longs de six travers de doigt ; leur forme est triangulaire, et quand on les aurait travaillés exprès, elle ne pourrait être plus régulière ; la plupart sont si aigus et si tranchants sur les bords, qu’ils coupent comme des lames de couteaux : on en fait de très bonnes pierres à fusil. Collection académique, partie étrangère, t. IV, p. 333.
  3. Entre le Caire et Suez, on rencontre une grande quantité de pierres à fusil et de cailloux, qui sont tous plus blancs que le marbre florentin, et qui approchent souvent des pierres de Moka, pour la beauté et la variété des figures. Voyages de Shaw ; La Haye, 1743, t. II, p. 83.
  4. À deux lieues de Cuença, au Pérou, on voit une petite colline entièrement couverte de pierres à fusil rougeâtres et noires, dont les habitants ne tirent aucun avantage parce qu’ils ignorent la manière de les couper, tandis que toute la province tirant ses pierres à fusil d’Europe, elles y coûtent ordinairement une réale, et quelquefois deux. Histoire générale des Voyages, t. XIII, p. 599.
  5. Les cailloux, par exemple, qu’il y a dans les couches qui bordent la mer Baltique, semblent être de même âge que les hérissons de mer, pleins de la matière même de ces cailloux que les ondes jettent sur le rivage de Lubeck. Tels sont aussi des cailloux de matière rougeâtre de pierre à fusil, de quelques endroits du royaume de Naples, qui sont accompagnés de hérissons de mer ; tels sont encore ceux de divers endroits de France, d’Allemagne et d’ailleurs, où on les trouve ensemble ; car, à mesure que des portions de cette matière se liaient en masses un peu arrondies, de figure ovale ou approchante, que le mouvement de l’eau leur communiquait, d’autres portions s’unissaient dans les interstices d’ossements d’animaux, et dans la coque des hérissons de mer qui étaient à portée, et que les divers mouvements de l’eau avaient rassemblés et couverts de la matière fluide de la pierre à fusil. Traité des Pétrifications, in-4o ; Paris, 1742, p. 30 et suiv.