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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/649

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sente souvent en forme globuleuse, et quelquefois aplatie ou allongée comme un cylindre : son tissu lamelleux la rend chatoyante à sa surface ; dans cet état, on ne peut guère la distinguer des autres pierres feuilletées que par sa forte pesanteur[1]. Le comte Marsigli

    peu différentes par leur forme des parties constituantes des phosphores. À la profondeur de deux palmes, cette terre est de couleur ferrugineuse et verdâtre, parsemée aussi de ces mêmes particules brillantes, mais plus petites ; à la profondeur de trois palmes, elle est peu différente de la première couche, si ce n’est que les particules brillantes sont si petites qu’on ne les voit pas aisément à l’œil simple.

    » La figure des pierres phosphoriques n’est point régulière : il y en a de planes, de cylindriques, d’ovales, de sphériques, et d’autres qui se lèvent par lames ; les sphériques sont les plus grosses de toutes et n’excèdent pas la grosseur d’une pêche : celles qui se lèvent par lames ont de chaque côté une cavité ou un enfoncement semblable à l’impression de deux doigts, ce sont les meilleures pour faire du phosphore. Le poids de ces pierres est ordinairement d’une à deux livres, mais il s’en trouve qui pèsent jusqu’à huit livres ; au reste, les plus grosses et les plus pesantes ne sont pas les meilleures… Celles qui ont la couleur du plomb sont les moins bonnes ; celles de couleur argentée valent mieux… Les meilleures sont celles qui ressemblent à la calcédoine cendrée et qui approchent de l’éclat du succin… Ces pierres sont revêtues extérieurement d’une espèce de croûte, et c’est dans cette croûte que l’action du feu chasse les parties propres à recevoir la lumière ; car la croûte séparée de la pierre s’imbibe de lumière, au lieu que la pierre dépouillée de cette croûte demeure tout à fait obscure.

    » Pour préparer le phosphore, on prend des pierres de grosseur médiocre, et après les avoir bien lavées dans l’eau, on les brosse, et même on les lime pour en ôter les inégalités ; on les plonge ensuite dans l’esprit-de-vin bien rectifié, puis on les roule dans de la poudre faite aussi avec des pierres de phosphore et bien criblée, ce qui leur fait une espèce de croûte qui les couvre en entier ; ensuite on met dans un fourneau à vent un gril de fer, et sur ce gril des charbons gros comme des noix, dont on fait un lit haut de quatre doigts, sur lequel on étend les pierres à la distance d’un travers de doigt les unes des autres ; sur ces pierres on fait un autre lit de charbon et l’on remplit ainsi le fourneau, puis on le bouche, soit avec un couvercle de fer où il y a une ouverture faite en croix, soit avec des briques entre lesquelles on laisse les ouvertures nécessaires. On allume le feu et l’on attend que le charbon soit consumé, ce qui est l’affaire d’une heure, et que les pierres soient refroidies ; après cela, on enlève la croûte que la poussière de pierre imbibée d’eau-de-vie a faite à ces pierres, et qui s’en sépare aisément : l’on fait tomber toute cette poussière, qui est un très bon phosphore, et l’on réduit les pierres en une poudre dont on peut former diverses figures ; pour cela, on dessine d’abord ces figures avec du blanc d’œuf mêlé de sucre, ou de la gomme adragant, et on les couvre de cette poussière ; on peut même donner à ces figures diverses couleurs sans détruire la vertu du phosphore. Il est évident que la propriété de s’imbiber de lumière n’est point dans ces pierres un effet de leur structure ou de la configuration de leurs parties, puisque cette propriété subsiste lorsque la pierre est réduite en poudre. » Collection académique, partie étrangère, t. VI, p. 473 et suiv.

    La pierre de Bologne, après avoir été calcinée un certain temps, devient lumineuse. Le célèbre Margraff de Berlin nous a donné un fort bon traité sur cette pierre et autres de la même nature. Un des concierges de l’institut de Bologne prépare avec la poudre de cette pierre, au moyen de la gomme tragacantha, des étoiles qui luisent dans l’obscurité. Cette pierre se trouve en gros et petits morceaux de couleur d’eau, opaque et souvent transparente, entièrement solide ou en boules du centre desquelles il part des rayons en forme de coin ; on la retire du monte Paterno, à trois milles d’Italie de Bologne, où elle est dispersée en morceaux détachés dans l’argile et la marne ; on la découvre très facilement lorsque le terrain a été lavé par l’eau de la pluie. Lettres sur la minéralogie, par M. Ferber, traduites par M. le baron de Diétrich.

  1. Lettres de M. Demeste, t. Ier, p. 508. Ce savant naturaliste ajoute que, quoique Linné dise que ce spath est subeffervescent, il n’a point aperçu d’effervescence sensible dans les