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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/149

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pôle : l’aiguille aimantée s’est donc successivement approchée du pôle de 11 degrés 30 minutes pendant cette suite de quatre-vingt-trois ans, mais elle n’est demeurée qu’un an ou deux stationnaire dans cette direction où la déclinaison est nulle ; après quoi, l’aiguille s’est de plus en plus éloignée de la direction au pôle[1], toujours en déclinant vers l’ouest ; de sorte qu’en 1785, le 30 mai, la déclinaison était à Paris de 22 degrés[2]. De même on peut voir, par les observations faites à Londres, qu’avant l’année 1657 l’aiguille déclinait à l’est, et qu’après cette année 1657, où sa direction tendait droit au pôle, elle a décliné successivement vers l’ouest[3].

La déclinaison s’est donc trouvée nulle à Londres six ans plus tôt qu’à Paris, et Londres est plus occidental que Paris de 2 degrés 25 minutes. Le méridien magnétique coïncidait avec le méridien de Londres en 1657, et avec le méridien de Paris en 1663 ; il a donc subi pendant ce temps un changement d’occident en orient par un mouvement de 2 degrés 25 minutes en six ans, et l’on pourrait croire que ce mouvement serait relatif à l’intervalle des méridiens terrestres, si d’autres observations ne s’opposaient pas à cette supposition ; le méridien magnétique de la ligne sans déclinaison passait par Vienne en Autriche dès l’année 1638 : cette ligne aurait donc dû arriver à Paris plus tôt qu’à Londres ; et cependant c’est à Londres qu’elle est arrivée six ans plus tôt qu’à Paris. Cela nous démontre que le mouvement de cette ligne n’est point du tout relatif aux intervalles des méridiens terrestres.

Il ne me paraît donc pas possible de déterminer la marche de ce mouvement de déclinaison, parce que sa progression est plus qu’irrégulière et n’est point du tout proportionnelle au temps, non plus qu’à l’espace ; elle est tantôt plus prompte, tantôt plus lente, et quelquefois nulle ; l’aiguille demeurant stationnaire et même devenant rétrograde pendant

  1. Dans l’année 1670, la déclinaison était de 1 degré 30 minutes vers l’ouest, et l’aiguille a continué de décliner dans les années suivantes, toujours vers l’ouest : en 1680, elle déclinait de degr. 40 min. ; en 1681, de degr. 30 min. ; en 1683, de degr. 50 min. ; en 1684, de degr. 10 min. ; en 1685, de degr. 10 min. ; en 1686, de degr. 30 min. ; en 1692, de degr. 50 min. ; en 1693, de degr. 20 min. ; en 1695, de degr. 48 min. ; en 1696, de degr. min. ; en 1698, de degr. 40 min. ; en 1699, de degr. 10 min. ; en 1700, de degr. 12 min. ; en 1701, de degr. 25 min. ; en 1702, de degr. 48 min. ; en 1703, de degr. min. ; en 1704, de degr. 20 min. ; en 1705, de degr. 35 min. ; en 1706, de degr. 48 min. ; en 1707, de 10 degr. 10 min. ; en 1708, de 10 degr. 15 min. ; en 1709, de 11 degr. 15 min. ; en 1714, de 11 degr. 30 min. ; en 1717, de 12 degr. 20 min. ; en 1719, de 12 degr. 30 min. ; en 1720, 1721, 1722, 1723 et 1724, de 13 degr. ; en 1725, de 13 degr. 15 min. ; en 1727 et 1728, de 14 degr. (Musschenbroëck, Dissertatio de magnete, p. 152) ; en 1729, de 14 degr. 10 min. ; en 1730, de 14 degr. 25 min. ; en 1731, de 14 degr. 45 min. ; en 1732 et 1733, de 15 degr. 15 min. ; en 1734 et 1740, de 15 degr. 45 min. ; en 1744, 1745, 1746, 1747 et 1749, de 16 degr. 30 min. (Encyclopédie, article Aiguille aimantée) ; en 1755, de 17 degr. 30 min. ; en 1756, de 17 degr. 45 min. ; en 1757 et 1758, de 18 degr. ; en 1759, de 18 degr. 10 min. ; en 1760, de 18 degr. 20 min. ; en 1765, de 18 degr. 55 min., 20 sec. ; en 1767, de 19 degr. 16 min. ; en 1768, de 19 degr. 25 min. (Connaissance des temps, années 1769, 1770, 1771 et 1772.)
  2. Extrait des observations faites à l’Observatoire royal en l’année 1785.
  3. L’aiguille aimantée n’avait aucune déclinaison à Vienne en Autriche, dans l’année 1638 ; elle n’en avait de même aucune en 1600 au cap des Aiguilles en Afrique ; et, avant ces époques, la déclinaison était vers l’est dans tous les lieux de l’Europe et de l’Afrique. (Musschenbroëck, p. 166.) Ceci semble prouver que la marche de la ligne sans déclinaison ne se fait pas par un mouvement régulier, qui ramènerait successivement la déclinaison de l’est à l’ouest ; car Vienne étant à quatorze degrés deux minutes trente secondes à l’est de Paris, cette ligne sans déclinaison aurait dû arriver à Paris plus tôt qu’à Londres, qui est à l’ouest de Paris, et l’on voit que c’est tout le contraire, puisqu’elle est arrivée six ans plus tôt à Londres qu’à Paris.