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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/150

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quelques années, et reprenant ensuite un mouvement de déclinaison dans le même sens progressif. M. Cassini, l’un de nos plus savants astronomes, a été informé qu’à Québec la déclinaison n’a varié que de 30 minutes pendant trente-sept ans consécutifs : c’est peut-être le seul exemple d’une station aussi longue. Mais on a observé plusieurs stations moins longues en différents lieux : par exemple, à Paris, l’aiguille a marqué la même déclinaison pendant cinq années, depuis 1720 jusqu’en 1724, et aujourd’hui ce mouvement progressif est fort ralenti ; car, pendant seize années, la déclinaison n’a augmenté que de 2 degrés, ce qui ne fait que 7 minutes et demie par an, puisqu’en 1769 la déclinaison était de 20 degrés, et qu’en 1785 elle s’est trouvée de 22[1]. Je ne crois donc pas que l’on puisse, par des observations ultérieures et même très multipliées, déterminer quelque chose de précis sur le mouvement progressif ou rétrograde de l’aiguille aimantée, parce que ce mouvement n’est point l’effet d’une cause constante ou d’une loi de la nature, mais dépend de circonstances accidentelles, particulières à certains lieux, et variables selon les temps ; je crois pouvoir assurer, comme je l’ai dit, que le défrichement des terres et la découverte ou l’enfouissement des mines de fer, soit par les tremblements de terre, les effets des foudres souterraines et de l’éruption des volcans, soit par l’incendie des forêts et même par le travail des hommes, doivent changer la position des pôles magnétiques sur le globe et fléchir en même temps la direction de l’aimant.

En 1785, la déclinaison de l’aiguille aimantée était de 22 degrés ; en 1784, elle n’a été que de 21 degrés 21 minutes ; en 1783, de 21 degrés 11 minutes[2] ; en 1782, de 21 degrés 36 minutes[3].

Et en consultant les observations qui ont été faites par l’un de nos plus habiles physiciens, M. Cotte, nous voyons qu’en prenant le terme moyen entre les résultats des observations faites à Montmorency, près Paris, tous les jours de l’année, le matin, à midi et le soir, c’est-à-dire le terme moyen de 1 095 observations, la déclinaison, en 1781, a été de 20 degrés 16 minutes 58 secondes, et les différences entre les observations ont été si petites, que M. Cotte a cru pouvoir les regarder comme nulles[4].

En 1780, cette même déclinaison moyenne a été de 19 degrés 55 minutes 27 secondes ; en 1779, de 19 degrés 41 minutes 8 secondes ; en 1778, de 19 degrés 32 minutes 55 secondes ; en 1777, de 19 degrés 35 minutes 55 secondes ; en 1776, de 19 degrés 33 minutes 31 secondes ; en 1775, de 19 degrés 41 minutes 41 secondes[5].

Ces observations sont les plus exactes qui aient jamais été faites ; celles des années pré-

  1. Ce fait est confirmé par les observations de M. Cotte, qui prouvent que la déclinaison moyenne de l’aiguille aimantée, en 1786, n’a été à Laon que de vingt et un degrés trente et une minutes. Voyez le Journal de physique du mois de mai 1787.
  2. Connaissance des temps, années 1787 et 1788.
  3. Idem, année 1786.
  4. Idem, année 1775, p. 387.
  5. En 1780, la déclinaison moyenne, prise d’après 6 022 observations, a été de 19 degr. 55 min. 27 sec. Mais les variations de cette déclinaison ont été bien plus considérables qu’en 1781, car la plus grande déclinaison s’est trouvée de 20 degr. 15 min. le 29 juillet, et la moindre de 18 degr. 40 min. le même jour. La différence a donc été de degr. 35 min. ; et cette variation, qui s’est faite le même jour, c’est-à-dire en douze ou quinze heures, est plus considérable que le progrès de la déclinaison pendant 15 ans, puisqu’en 1764, la déclinaison était de 18 degr. 55 min. 20 sec., c’est-à-dire de 15 min. 20 sec. plus grande que celle du 29 juillet, à l’heure qu’elle s’est trouvée de 18 degr. 55 min… En 1779, la déclinaison moyenne, pendant l’année, a été de 19 degr. 45 min. sec. La plus grande déclinaison s’est trouvée de 20 degr., le 6 décembre, à la suite d’une aurore boréale, et la plus petite, de 19 degr. 15 min., en janvier et février ; la différence a donc été de 45 min. L’observateur remarque que l’augmentation moyenne a augmenté de 8 à min. depuis l’année précédente, et que la variation diurne s’est soutenue avec beaucoup de régularité, excepté dans certains