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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/40

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n’est qu’une interposition de parties hétérogènes et passives, et dont le seul effet est d’augmenter le volume ou la masse, au lieu que la minéralisation est non seulement une interposition des parties hétérogènes, mais de substances actives capables d’opérer une altération de la matière métallique : par exemple, l’or se trouve mêlé avec tous les autres métaux sans être minéralisé, et les métaux en général peuvent se trouver mêlés avec des matières vitreuses ou calcaires sans être altérés ; le mélange n’est qu’une mixtion, au lieu que la minéralisation est une altération, une décomposition, en un mot un changement de forme dans la substance même du métal, et ce changement ne peut s’opérer que par des substances actives, c’est-à-dire par les sels et le soufre qu’on ne doit pas séparer des sels, puisque l’acide vitriolique fait le fond de sa substance.

Comme nous nous sommes suffisamment expliqués, dans les articles où il est question des métaux, sur l’origine et la formation des pyrites et des minerais métalliques, il ne nous reste à examiner que les concrétions qui proviennent du mélange ou de la décomposition de ces minerais : les unes de ces concrétions, et c’est le plus grand nombre, sont produites par l’intermède de l’eau, et quelques autres par l’action du feu des volcans. Nous les présenterons successivement, en commençant par les concrétions ferrugineuses, afin de suivre l’ordre dans lequel nous avons présenté les métaux[NdÉ 1].


CONCRÉTIONS DU FER
ROUILLE DE FER ET OCRE

La rouille de fer et l’ocre[NdÉ 2] sont les plus simples et les premières décompositions du fer par l’impression des éléments humides ; les eaux chargées de parties ferrugineuses réduites en rouille laissent déposer cette matière en sédiment dans les cavités de la terre où elle prend plus ou moins de consistance, sans jamais acquérir un grand degré de dureté ; elle y conserve aussi sa couleur plus ou moins jaune, qui ne s’altère ni ne change que par une seconde décomposition, soit par l’impression des éléments humides ou par celle du feu : les ocres brunes auxquelles on donne le nom de terre d’ombre, et l’ocre légère et noire, dont on se sert à la Chine pour écrire et dessiner, sont des décompositions ultérieures de la rouille du fer très atténuées, et dénuées de presque toutes ses qualités métalliques. On peut néanmoins leur rendre la vertu magnétique en leur faisant subir l’action du feu.

Toutes les ocres brunes, noires, jaunes ou rouges, fines ou grossières, légères ou pesantes, et plus ou moins concrètes, sont aisées à diviser et à réduire en poudre : on en connaît plusieurs espèces, tant pour la couleur que pour la consistance. M. Romé de Lisle les a toutes observées et très bien indiquées[1] ; au reste, nous ne séparerons pas des

  1. On distingue dans les ocres : 1o l’ocre martiale jaune qui se précipite journellement des eaux martiales chaudes ou froides, vitrioliques ou acidulés ; 2o l’ocre martiale rouge qui semble devoir au feu sa couleur, puisqu’il suffit d’exposer au feu l’ocre martiale jaune pour lui faire prendre une très belle couleur rouge ; 3o l’ocre martiale noire, ou éthiops martial
  1. Les corps auxquels Buffon donne le nom de concrétions métalliques ne sont, on le voit, que les minerais ou composés impurs des métaux.
  2. La « rouille de fer » est un oxyde de fer. L’ocre est un oxyde impur du même métal.