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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/59

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CONCRÉTIONS DU PLOMB

Le plomb n’existe pas plus que l’étain en état métallique dans le sein de la terre ; tous deux, parce qu’il ne faut qu’une médiocre chaleur pour les fondre, ont été réduits en chaux par la violence du feu primitif, en sorte que les mines primordiales de plomb sont des pyrites que l’on nomme galènes[NdÉ 1], et dont la substance n’est que la chaux de ce métal unie aux principes du soufre : ces galènes affectent de préférence la forme cubique ; on les trouve quelquefois isolées, et plus souvent groupées dans la roche quartzeuse ; leur surface est ordinairement lisse, et leur texture est composée de lames ou de petits grains très serrés.

Le premier degré de décomposition dans ces galènes ou pyrites de plomb s’annonce, comme dans les pyrites cuivreuses, par les couleurs d’iris qu’elles prennent à leur superficie ; et, lorsque leur décomposition est plus avancée, elles perdent ces belles couleurs avec leur dureté, et prennent les différentes formes sous lesquelles se présentent les mines de plomb de seconde formation, telles que la mine de plomb blanche, qui est sujette à de grandes variétés de forme et de couleur ; car les vapeurs souterraines, et surtout celle du foie de soufre, changent le blanc de cette mine en brun et en noir.

La mine de plomb verte est aussi de seconde formation ; elle serait même toute semblable à la mine blanche, si elle n’était pas teinte par un cuivre dissous qui lui donne sa couleur verte ; enfin la mine de plomb rouge est encore de formation secondaire. Cette belle mine n’était pas connue avant M. Lehmann, qui m’en adressa en 1766 la description imprimée : elle a été trouvée en Sibérie, à quelque distance de Catherinebourg ; elle se présente en cristallisations bien distinctes, et paraît être colorée par le fer.

Au reste, les galènes ou mines primordiales du plomb sont souvent mêlées d’une certaine quantité d’argent, et, lorsque cette quantité est assez considérable pour qu’on puisse l’extraire avec profit, on donne à ces mines de plomb le beau nom de mines d’argent : les galènes se trouvent aussi très souvent en masses informes et mêlées d’autres matières minérales et terreuses, qui servent aux minéralisations secondaires de ces mines en aidant à leur décomposition[1].


CONCRÉTIONS DU MERCURE

Le cinabre est la mine primordiale du mercure, et l’on peut regarder le vif-argent coulant comme le premier produit de la décomposition du cinabre : il se réduit en poudre lorsqu’il se trouve mêlé de parties pyriteuses ; mais cette poudre, composée de cinabre et du fer des pyrites, ne prend point de solidité, et l’on ne connaît d’autres concrétions du mercure que celles dont M. Romé de Lisle fait mention sous le titre de mercure en mine secondaire, mine de mercure cornée volatile, ou mercure doux natif. « Cette mine secondaire de mercure, dit cet habile minéralogiste, a été découverte depuis peu parmi les mines de mercure en cinabre, du duché de Deux-Ponts ; c’est du mercure solidifié et minéralisé par l’acide marin avec lequel il paraît s’être sublimé dans les cavités et sur

  1. Voyez l’article Plomb.
  1. Ce sont des sulfures de plomb.