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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/66

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s’est pas trompé sur leur nature, et les a reconnues pour de vraies chrysolithes dont les unes, dit-il, « sont d’un vert clair tirant sur le jaune, couleur de la véritable chrysolithe ; quelques-unes d’un jaune de topaze, certaines d’une couleur noire luisante, comme le schorl, de sorte que dans l’instant on croit y reconnaître cette substance ; mais en prenant au soleil le vrai jour de ces grains noirs, et en les examinant dans tous les sens, on s’aperçoit que cette couleur n’est qu’un vert noirâtre qui produit cette teinte sombre et foncée. » En effet, cette substance vitreuse n’est point du schorl, mais du cristal de roche teint comme tous les autres cristaux et chrysolithes vertes ou jaunâtres, lesquelles, étant très réfractaires au feu, n’ont point été altérées par la chaleur de la lave en fusion, tandis que les grenats et les schorls, qui sont fusibles, ont souvent été dénaturés par cette même chaleur : ces schorls ont perdu par l’action du feu volcanique non seulement leur couleur, mais une portion considérable de leur substance ; les grenats en particulier qui ont été volcanisés sont blancs, et ne pèsent spécifiquement que 24 684 ; tandis que le grenat, dans son état naturel, pèse 41 888. Le feu des laves en fusion peut donc altérer et peut-être fondre les schorls, les grenats et les feldspaths ; mais les cristaux quartzeux, de quelque couleur qu’ils soient, résistent à ce degré de feu ; et ce sont ces cristaux colorés et trouvés dans les basaltes[1] et les laves, auxquels on a donné les noms de chrysolithes, d’améthystes, de topazes et d’hyacinthes des volcans.


    » Il y a des chrysolithes qui paraissent d’un jaune rougeâtre ocreux à l’extérieur ; cet accident est dû à l’altération occasionnée dans les grains jaunâtres, qui se décomposent en partie et se couvrent d’une espèce de rouille ferrugineuse.

    » On trouve des chrysolithes moins variées dans leurs grains et dans leur couleur ; on voit, non loin de Vals, un basalte très dur qui en contient de gros noyaux très sains et très vitreux, presque tous d’un vert tendre, légèrement nuancés de jaune : on y remarque seulement quelques grains un peu plus foncés qui se rapprochent du noir.

    » C’est auprès du village de Colombier, en Vivarais, que l’on trouve la chrysolithe en grosses masses ; on en voit des morceaux qui pèsent jusqu’à trente livres, elle est à très gros grains qui varient dans leur couleur.

    » Cette pierre, malgré son extrême dureté, a éprouvé le sort de certaines laves qui s’attendrissent, se décomposent et passent à l’état argileux, soit à l’aide des fumées acides sulfureuses qui se sont émanées en abondance de certains volcans, soit par d’autres causes cachées qui enlèvent et détruisent l’adhésion et la dureté des corps les plus durs ; on voit, non loin du volcan éteint de Chenavari en Vivarais, une lave compacte qui s’est décomposée et a passé à l’état d’argile de couleur fauve, qui contient des noyaux de chrysolithe dont les grains ont conservé leur forme et leur couleur, mais qui ont perdu leur coup d’œil vitreux, et qui s’exfolient et se réduisent en poussière sous les doigts, tandis que, dans la même matière volcanique argileuse, on voit encore des portions de lave poreuse grise, qui n’ont pas perdu leur couleur, et qui ne sont que légèrement altérées. » Recherches sur les volcans éteints, par M. Faujas de Saint-Fond, p. 247 et suiv.

  1. La teinte violette de ces cristaux est souvent très légère ; il y en a de verdâtres auxquels on pourrait donner le nom de chrysolithes… J’ai vu un morceau provenant des éruptions du Vésuve, lequel, outre un grand nombre d’hyacinthes volcaniques d’un brun noirâtre, contient aussi des prismes hexaèdres tronqués net aux deux extrémités ; ce sont des améthystes basaltiques décolorées par l’action du feu ; elles sont blanches, presque opaques, et même étonnées ; il y en a une qui est tronquée de manière à former un prisme à douze pans irréguliers. Lettres du docteur Demeste au docteur Bernard, t. Ier, p. 428 et 429.