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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/69

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anciennes laves, d’autres ont été produites par l’intermède de l’eau et dans des éruptions que M. Faujas appelle éruptions boueuses ou aqueuses : elles sont souvent mélangées de plusieurs matières très différentes, de jaspe rouge, de schorl noir, de granit rose et gris, de pierre à fusil, de spath et pierre calcaire, et même de substances végétales réduites en une sorte de charbon.

Toutes ces matières volcaniques, basaltes, laves et laitiers, étant en grande partie d’une essence vitreuse, se décomposent par l’impression des éléments humides, et même par la seule action de l’acide aérien. Les matières autrefois volcaniques, maintenant argileuses, dit M. Ferber, molles comme de la cire ou endurcies et pierreuses, sont blanches pour la plupart ; mais on en trouve aussi de rouges, de grises cendrées, de bleuâtres et de noires : on rencontre des laves argileuses dans presque tous les volcans agissants et éteints, et cette altération des laves peut s’opérer de plusieurs manières. Il y a de ces laves altérées par l’acide sulfureux du feu des volcans, qui sont presque aussi rouges que le minium ; il y en a d’autres d’un rouge pâle, d’un rouge pourpre, de jaunes, de brunes, de grises, de verdâtres, etc.

M. Faujas divise les produits volcaniques altérés :

En laves compactes ou poreuses qui ont perdu simplement leur dureté en conservant leurs parties constituantes, à l’exception du phlogistique du fer qui a disparu ;

Et en laves amollies et décolorées par les acides qui ont formé, en se combinant avec les diverses matières qui constituent ces mêmes laves, différents produits salins ou minéraux, dont l’origine nous serait inconnue si nous n’avions pas la facilité de suivre la nature dans cette opération.

Il en décrit plusieurs variétés de l’une et l’autre sorte : il présente, dans la première de ces deux divisions, des basaltes et des laves qui, ayant conservé leur forme, leur nature et leur dureté sur une de leurs faces, sont entièrement décomposés sur l’autre, et convertis en une substance terreuse, molle, au point de se laisser aisément entamer, et l’on peut suivre cette décomposition jusqu’à l’entière conversion du basalte en terre argileuse.

Il y a des basaltes devenus argileux, qui sont d’un gris plus ou moins foncé ; d’autres d’une teinte jaunâtre et comme rouillés ; d’autres dont la surface est convertie en argile blanche, grise, jaunâtre, violette, rouge. Plusieurs de ces basaltes décomposés contiennent des prismes de schorl qui ne sont point altérés, ce qui prouve que les schorls résistent bien plus que les basaltes les plus durs aux causes qui produisent leur décomposition.

Ce savant naturaliste a aussi reconnu des laves décomposées en une argile verte, savonneuse et qui exhalait une forte odeur terreuse ; et, enfin, il a vu de ces laves qui renfermaient de la chrysolithe et du schorl qui n’était pas décomposé, tandis que la chrysolithe était, comme la lave, réduite en argile, ce qui semble prouver que le quartz résiste moins que le schorl à la décomposition.

Dans la seconde division, c’est-à-dire dans les laves amollies et décolorées par les acides, qui ont formé différents produits salins ou minéraux, M. Faujas présente aussi plusieurs variétés dans lesquelles il se trouve du sel alumineux, lorsque l’acide vitriolique s’unit à la terre argileuse ; ce même acide produit le gypse avec la terre calcaire, le vitriol vert avec la chaux de fer, et le soufre avec la matière du feu.

Les variétés de cette sorte, citées par M. Faujas[1], sont :

1o Un basalte d’un rouge violet, ayant la cassure de la pierre calcaire la plus dure, quoique ce basalte soit une véritable lave et d’une nature très différente de toute matière calcaire[2] ;

2o Une lave d’un blanc nuancé de rouge ;

  1. Minéralogie des volcans, ch. xvii.
  2. Idem, ch. xix, variété xx, p. 407.