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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/70

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3o Une lave dont une partie est changée en une pierre blanche tendre, tandis que l’autre partie, qui est dure et d’un rouge foncé, a conservé toute sa chaux ferrugineuse changée en colcothar ;

4o Une lave décomposée, comme la précédente, avec une enveloppe de gypse blanc et demi-transparent ;

3o Une lave poreuse d’un blanc jaunâtre avec des grains de sélénite : la terre argileuse qui forme cette lave se trouve convertie en véritable alun natif ; l’acide vitriolique, uni à la terre argileuse, produit, comme nous venons de le dire, le sel alumineux et le véritable alun natif ; lorsqu’il s’unit à la base du fer, il forme le vitriol vert ; en s’unissant donc dans de certaines circonstances à la terre ferrugineuse des laves, il pourra produire ce vitriol, pourvu qu’il soit affaibli par les vapeurs aqueuses ; et cette combinaison est assez rare, et ne se trouve que dans les lieux où il y a des sources bouillantes. On en voit sur les parois de la grotte de l’île de Volcano, où il y a une mare d’eau bouillante, sulfureuse et salée.

On trouve aussi du sel marin en grumeaux, adhérents à de la lave altérée ou à du sable vomi par les volcans : ce sel marin ne se présente pas sous forme cubique, parce qu’il n’a pas eu le temps de se cristalliser dans l’eau marine rejetée par les volcans. Il se trouve de même de l’alcali fixe blanc dans les cavités de quelques laves nouvelles ; et, comme on trouve encore du sel ammoniac dans les volcans, cela prouve que l’alcali volatil s’y trouve aussi, sans parler du soufre qui, comme l’on sait, est le premier des produits volcaniques, et qui n’est que la matière du feu saisie par l’acide vitriolique.

Quelquefois le soufre s’unit dans les volcans à la matière arsenicale, et alors de jaune il devient d’un rouge vif et brillant ; mais, comme nous l’avons dit[1], le soufre se produit aussi par la voie humide : on en a plusieurs preuves, et les beaux cristaux qu’on a trouvés dans la soufrière de Conilla, à quatre lieues de Cadix, et qui étaient renfermés dans des géodes de spath calcaire, ne laissent aucun doute à ce sujet : il en existe d’ailleurs de pareils dans divers autres lieux, tantôt unis à la sélénite gypseuse, tantôt à l’argile, ou renfermés dans des cailloux ; nous savons même qu’on a trouvé, il y a six ou sept ans, du soufre bien cristallisé et formé par la voie humide dans l’ancien égout du faubourg Saint-Antoine ; ces cristaux de soufre étaient adhérents à des matières végétales et animales, telles que des cordages et des cuirs.


PIERRE DE TOUCHE

La pierre de touche, sur laquelle on frotte les métaux pour les reconnaître à la couleur de la trace qu’ils laissent à sa surface, est un basalte plus dur que l’or, l’argent, le cuivre, et dont la superficie, quoique lisse en apparence, est néanmoins hérissée et assez rude pour les entamer et retenir les particules métalliques que le frottement a détachées. Le quartz et le jaspe, quoique plus durs que ce basalte, et par conséquent beaucoup plus durs que ces métaux, ne nous offrent pas le même effet, parce que la surface de ces verres primitifs, étant plus lisse que celle du basalte, laisse glisser le métal sans l’entamer et sans en recevoir la trace. Les acides peuvent enlever cette impression métallique, parce que le basalte ou pierre de touche, sur laquelle on frotte le métal, est d’une substance vitreuse qui résiste à l’action des acides auxquels les métaux ne résistent pas.

Il paraît que le basalte, dont on se sert comme pierre de touche, est la pierre de Lydie

  1. Voyez l’article du Soufre.