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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/79

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Velay et du Vivarais, découverte d’autant plus intéressante que ces pouzzolanes du Vivarais, pouvant être conduites par le Rhône jusqu’à la mer, pourront sinon remplacer, du moins suppléer à celles que l’on tire d’Italie, pour toutes les constructions maritimes et autres qu’on veut défendre contre l’action des éléments humides.

Les pouzzolanes ne sont cependant pas absolument les mêmes dans tous les lieux, elles varient tant par la qualité que par la couleur ; il s’en trouve de la rouge et de la grise en Vivarais, et celle-ci fait un mortier plus dur et plus durable que celui de la première.

Toutes les pouzzolanes proviennent également de la première décomposition des laves et basaltes qui, comme nous l’avons dit, se réduisent ultérieurement en terre argileuse, ainsi que toutes les autres matières vitreuses, par la longue impression des éléments humides ; mais, avant d’arriver à ce dernier degré de décomposition, les basaltes et les laves, qui toujours contiennent une assez grande quantité de fer pour être attirables à l’aimant, se brisent en poudre vitreuse mêlée de particules ferrugineuses, et la pouzzolane n’est autre chose que cette poudre : elle est d’autant meilleure pour faire des ciments que le fer y est en plus grande quantité, et que les parties vitreuses sont plus éloignées de l’état argileux.

Ainsi la pouzzolane n’est qu’une espèce de verre ferrugineux réduit en poudre ; il est très possible de composer une matière de même nature en broyant et pulvérisant les crasses qui s’écoulent du foyer des affineries où l’on traite le fer : j’ai souvent employé ce ciment ferrugineux avec succès, et je le crois équivalent à la meilleure pouzzolane ; mais il est vrai qu’il serait difficile de s’en procurer une quantité suffisante pour faire de grandes constructions. Les Hollandais composent une sorte de pouzzolane qu’ils nomment tras, en broyant des laves de volcans sous les pilons d’un bocard : la poudre qui en provient est tamisée au moyen d’un crible qui est mis en mouvement par l’élévation des pilons, et le tras tombe dans de grandes caisses pratiquées au-dessous de l’entablement des pilons : ils s’en servent avec succès dans leurs constructions maritimes.