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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/82

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Lorsqu’on fait brûler ce charbon, son odeur est, en général, plus ou moins désagréable et forte, suivant les diverses qualités de ce minéral ; quelquefois elle est très faible, mais souvent elle est empyreumatique ou fétide et nauséabonde, ou de la même que celle du foie de soufre volatil. Au reste, M. Faujas observe que ces charbons secs, quoique moins bitumineux en apparence que les charbons collants, le sont réellement davantage, et qu’ils produisent par leur distillation un cinquième de plus de bitume, et un tiers de plus d’eau alcalisée.

Le charbon collant, qu’on appelle aussi charbon gras, diffère du charbon sec, en ce qu’il se boursoufle en brûlant, tandis que le charbon sec fait retraite : ce charbon collant augmente de volume au moins d’un tiers ; il présente des pores ou cavités semblables à ceux d’une lave spongieuse et que l’on reconnaît très aisément, lorsqu’il est éteint. C’est après avoir été ainsi dépouillé de son eau, de l’alcali volatil et du bitume, qu’il porte le nom de charbon épuré en France, et de coak en Angleterre ; il se réduit en une cendre grise, et soit qu’on l’emploie, dans les fourneaux, en gros morceaux ou en poussière, il s’agglutine et se colle fortement, de manière à ne former qu’une masse qu’on est obligé de soulever et de rompre, afin que l’air ne soit pas intercepté par cette masse embrasée, et que le feu ne perde pas son activité.

Ce charbon collant produit une flamme qui s’élève moins, mais qui est beaucoup plus vive et plus âpre que celle du charbon sec ; il donne une chaleur plus forte et beaucoup plus durable ; il en sort une fumée plus résineuse qu’alcalescente, qui n’a point l’odeur fétide de la plupart des charbons secs, et même, lorsqu’elle est très atténuée, elle répand une sorte d’odeur de succin. Ce charbon est composé de petites lames fort minces, très luisantes, et placées sans ordre ; et si ces lames sont peu adhérentes, le charbon est très friable : il est connu alors dans la Flandre sous le nom de houille, et sous celui de menu poussier dans les mines du Forez et du Lyonnais ; mais, d’autres fois, ces lames plus solides et plus adhérentes entre elles donnent à ce charbon une continuité ferme, et qui permet de le détacher en gros morceaux. Ce charbon solide est celui qui est le plus recherché : ses lames sont assez souvent disposées en stries longitudinales, et d’un noir très brillant ; mais le luisant de ce charbon diffère de celui du charbon sec, en ce que ce dernier, quoique très luisant, a un grain serré et uni, dont le poli naturel est comme onctueux, tandis que les lames du charbon collant ont une apparence vitreuse et brillante. M. Faujas a aussi observé qu’il se trouve quelquefois du charbon collant dans lequel la matière bitumineuse paraît affecter la forme cubique ; et il dit que l’on rencontre, particulièrement dans les charbons des environs d’Édimbourg et de Glascow, des morceaux qui ne paraissent composés que d’une multitude de petits cubes bitumineux engagés les uns dans les autres, mais qui se détachent facilement.

L’on trouve aussi dans ces charbons collants, tantôt des parcelles ligneuses bien caractérisées, tantôt des bois pyritisés, et surtout diverses empreintes de végétaux, semblables à des roseaux et à d’autres plantes dont il serait assez difficile de déterminer exactement les espèces : toutes ces empreintes sont en relief d’un côté, et en creux de l’autre ; la substance de la plante a disparu, soit qu’elle ait été détruite par la pourriture, ou qu’elle se soit convertie en charbon. M. Faujas remarque, avec raison, qu’il serait très important de comparer ces sortes d’empreintes, et de voir s’il n’existerait pas quelque différence entre les empreintes des charbons des terrains calcaires et celles des charbons des sols granitiques.

À l’égard de la situation des mines de charbon sec, au milieu des terrains calcaires, les seuls où on les trouve, suivant M. Faujas, cet habile minéralogiste remarque que, quand une mine de charbon se trouve par exemple dans les parties calcaires des Alpes, au pied de quelque escarpement entièrement dépouillé de terre végétale et où la terre est à nu, l’on aperçoit tout d’un coup l’interruption de la roche calcaire dans l’endroit où se