Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» La couleur obscure et la qualité chatoyante du feldspath en question me semblent dépendre d’un même principe colorant, et ce principe est le fer, dont les dissolutions par l’acide aérien, si généralement répandues dans la nature, produisent, par différentes modifications, les plus vives couleurs dans les fêlures les moins perceptibles des minéraux et des pierres qu’elles pénètrent : le feldspath, étant d’une texture lamelleuse, doit admettre entre ses feuillets ces solutions colorantes et produire des reflets lorsque, par une coupe un peu oblique, les bords, quoique peu transparents, des lames colorées, se présentent à la lumière. C’est en conséquence de cela que les couleurs de la pierre chatoyante brillent ordinairement par lignes ou raies qui répondent aux lames ou feuillets de la pierre, et des raies, obscures dans un sens, deviennent brillantes dans une autre exposition, et quelquefois présentent une couleur différente par les reflets changés. »


ADDITION
À L’ARTICLE DU CHARBON DE TERRE.

Nous avons distingué deux sortes de charbons de terre, l’un que l’on nomme charbon sec, qui produit, en brûlant, une flamme légère, et qui diminue de poids et de volume en se convertissant en braise ; et l’autre que l’on appelle charbon collant, qui donne une chaleur plus forte, se gonfle et s’agglutine en brûlant. Nous croyons devoir ajouter à ce sujet des observations importantes, qui nous ont été communiquées par M. Faujas de Saint-Fond[1] : ce savant naturaliste distingue, comme nous, le charbon sec du charbon collant ; mais il a remarqué de plus dans les différentes mines qu’il a examinées en France, en Angleterre et en Écosse, que ces deux sortes de charbons de terre étaient attachées chacune à un sol d’une nature particulière, et que les charbons secs ne se trouvaient que dans les terrains calcaires, tandis qu’au contraire on ne rencontrait le charbon collant que dans les terrains granitiques et schisteux : et voici, d’après M. Faujas, quelle est la qualité de ces deux sortes de charbons, et de quelle manière chacune d’elles se présente.

Le charbon sec, étant en masse continue, peut se tirer en gros morceaux ; il est, comme les autres charbons, disposé par lits alternatifs. Si l’on examine avec attention les lits supérieurs, on y reconnaît les caractères du bois, et on y trouve quelquefois des coquilles bien conservées et dont la nacre n’a été que peu altérée : lorsqu’on est parvenu aux couches inférieures, la qualité du charbon devient meilleure, son tissu est plus serré, sa substance plus homogène ; il offre dans sa cassure des surfaces lisses, et souvent brillantes comme celle du jayet, et s’il n’en a pas le luisant, son grain est uni, serré, et n’est jamais lamelleux.

Ce charbon sec, lorsqu’il est de bonne qualité, répand, en brûlant, une flamme vive, légère, bleuâtre à son sommet, assez semblable à celle du bois ordinaire ; et l’on observe qu’à mesure que ce charbon s’embrase, il se gerce et se fend en plusieurs sens ; il perd au moins un tiers de son volume et de son poids en se convertissant en braise, et ses cendres sont blanches comme celles du bois.

M. Faujas m’a fait voir des charbons secs qui, après avoir été épurés, présentent évidemment les fibres ligneuses, et même les couches concentriques du bois qu’il était difficile d’y reconnaître avant que leur organisation eût été mise à découvert par l’épurement[2].

  1. Lettre de M. Faujas de Saint-Fond à M. le comte de Buffon, datée de Montélimar, 10 janvier 1786.
  2. Idem, ibidem.