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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/101

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d’un jaune vif, la peau qui couvre la base du bec, et les pieds jaunes comme les aigles, mais le bec plus noir et les ongles moins noirs : ces différences sont suffisantes pour séparer cet oiseau des aigles et de tous les autres dont nous avons fait mention dans les articles précédents ; mais il me paraît qu’on doit rapporter à cette espèce l’oiseau que Garcilasso appelle aigle du Pérou[1], qu’il dit être plus petit que les aigles d’Espagne.

Il en est de même de l’oiseau des côtes occidentales de l’Afrique, dont M. Edwards nous a donné une très bonne figure enluminée, avec une excellente description sous le nom d’eagle-crawned, aigle huppé, qui me paraît être de la même espèce, ou d’une espèce très voisine de celui-ci. Je crois devoir rapporter en entier la description de M. Edwards, pour mettre le lecteur à portée d’en juger[2].

La distance entre l’Afrique et le Brésil, qui n’est guère que de quatre cents lieues, n’est pas assez grande pour que des oiseaux de haut vol ne puissent la parcourir ; et dès lors il est très possible que celui-ci se trouve également aux côtes du Brésil et sur les côtes occidentales de l’Afrique ; et il suffit de comparer les caractères qui leur sont particuliers, et par lesquels ils se ressemblent, pour être persuadé qu’ils sont de la même espèce ; car tous deux ont des plumes en forme d’aigrettes qu’ils redressent à volonté, tous deux sont à peu près de la même grandeur ; ils ont aussi tous deux le plumage varié et marqueté dans les mêmes endroits ; l’iris des yeux d’un orangé vif, le bec noirâtre ; les jambes, jusqu’aux pieds, également cou-

  1. Histoire naturelle des Incas, t. II, p. 274.
  2. Cet oiseau, dit M. Edwards, est d’environ un tiers plus petit que les plus grands aigles qui se voient en Europe, et il paraît fort et hardi comme les autres aigles ; le bec avec la peau qui couvre le haut du bec, et où les ouvertures des narines sont placées, est d’un brun obscur, les coins de l’ouverture du bec sont fendus assez avant jusque sous les yeux, et sont jaunâtres, l’iris des yeux est d’une couleur d’orange rougeâtre ; le devant de la tête, le tour des yeux et la gorge sont couverts de plumes blanches, parsemées de petites taches noires ; le derrière du con et de la tête, le dos et les ailes, sont d’un brun foncé, tirant sur le noir, mais les bords extérieurs des plumes sont d’un brun clair. Les pennes (pennes est un terme de fauconnerie, pour exprimer les grandes plumes des ailes des oiseaux de proie) sont plus foncées que les autres plumes des ailes ; les côtés des ailes vers le haut, et les extrémités de quelques-unes des couvertures des ailes sont blancs ; la queue est d’un gris foncé, croisée de barres noires ; et le dessous en paraît être d’un gris de cendre obscur et léger ; la poitrine est d’un brun rougeâtre avec de grandes taches noires transversales sur les côtés ; le ventre est blanc, aussi bien que le dessous de la queue qui est marqueté de taches noires ; les cuisses et les jambes, jusqu’aux ongles, sont couvertes de plumes blanches, joliment marquetées de taches rondes et noires ; les ongles sont noirs et très forts, les doigts sont couverts d’écailles d’un jaune vif ; il élève ses plumes du dessus de la tête en forme de crête ou de huppe, d’où il tire son nom. J’ai dessiné cet oiseau vivant à Londres en 1752 ; son maître m’assura qu’il venait des côtes d’Afrique, et je le crois d’autant plus volontiers, que j’en ai vu deux autres de cette même espèce exactement chez une autre personne, et qui venaient de la côte de Guinée ; Barbot a indiqué cet oiseau sous le nom d’aigle couronné, dans sa description de la Guinée ; il en donne une mauvaise figure, dans laquelle cependant on reconnaît les plumes relevées sur sa tête, d’une manière très peu différente de celles dont elles sont représentées dans ma figure. Edwards, Glanures, part. i, p. 31 et 32, pl. enluminée 224.