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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/112

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le cuir en est presque aussi épais que celui d’un chevreau, il est recouvert d’un duvet très fin, très serré et très chaud, et l’on en fait d’excellentes fourrures[1].

Au reste, il me paraît que le vautour noir[NdÉ 1] que Belon dit être commun en Égypte, est de la même espèce que le vautour proprement dit, qu’il appelle vautour cendré, et qu’on ne doit pas les séparer comme l’ont fait quelques naturalistes[2], puisque Belon lui-même, qui est le seul qui les ait indiqués, ne les sépare pas, et parle des cendrés et des noirs comme faisant tous deux l’espèce du grand vautour, ou vautour proprement dit ; en sorte qu’il est probable qu’il en existe en effet de noirs, et d’autres qui sont cendrés, mais que nous n’avons pas vus. Il en est du vautour noir comme de l’aigle noir, qui tous deux sont de l’espèce commune du vautour ou de l’aigle. Aristote a eu raison de dire que le genre du grand vautour était multiforme, puisque ce genre est en effet composé des trois espèces du griffon, du grand vautour et du vautour à aigrette, sans y comprendre le percnoptère, qu’Aristote avait cru devoir séparer des vautours et associer aux aigles. Il n’en est pas de même du petit vautour dont nous allons parler, et qui ne me paraît faire qu’une seule espèce en Europe ; ainsi ce philosophe a eu encore raison de dire que le genre du grand vautour était plus multiforme, c’est-à-dire contenait plus d’espèces que celui du petit vautour.


  1. Les paysans de Crète et les autres qui habitent les montagnes de divers pays, en Égypte et dans l’Arabie Déserte, s’étudient de prendre les vautours en diverses manières ; ils les écorchent et vendent les peaux aux pelletiers… Leur peau est quasi aussi épaisse que celle d’un chevreau… Les pelletiers savent tirer les plus grosses plumes de la peau des vautours, laissant le duvet qui est au-dessous, et ainsi la corroyent faisant pelisses qui valent grande somme d’argent ; mais en France s’en servent le plus à faire pièces à mettre sur l’estomac… Qui serait au Caire et irait voir les marchandises qui sont exposées en vente, trouverait des vêtements de fine soie fourrés de peaux de vautours, tant de noirs que de blancs. id., ibid., p. 83 et 84. — Il y a une grande quantité de vautours dans l’île de Chypre ; ces oiseaux sont de la grosseur d’un cygne, fort semblables à l’aigle en ce que leurs ailes et leur dos sont couverts de mêmes plumes ; leur cou est plein de duvet, doux comme la plus fine fourrure, et toute leur peau en est si couverte que les insulaires la portent sur la poitrine et devant leur estomac pour aider à la digestion : ces oiseaux ont une touffe de plumes au-dessous du cou ; leurs jambes sont grosses et fortes… Ils ne vivent que de charognes et ils s’en remplissent si fort qu’ils en dévorent en une fois autant qu’il leur en faut pour quinze jours… Et lorsqu’ils sont ainsi remplis ils ne peuvent s’élever de terre facilement ; c’est alors qu’on les tire et tue fort à l’aise ; ils sont même alors quelquefois si pesants qu’on les prend avec des chiens ou qu’on les tue à coups de pierres et de bâtons. Description de l’Archipel, par Dapper, p. 50.
  2. Le vautour noir. Brisson, t. I, p. 457.
  1. Variété du Vultur cinereus Gmel. [Note de Wikisource : c’est-à-dire du grand vautour ou vautour moine, cf. article précédent].