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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/138

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martin, on ne pourra douter que ce ne soit le même, et indépendamment des rapports de grandeur, de figure et de couleur, ces habitudes naturelles de voler bas et de chercher avec avidité et constance les petits reptiles, appartiennent moins aux faucons et aux autres oiseaux nobles qu’à la buse, à la harpaye et aux autres oiseaux de ce genre, dont les mœurs sont plus ignobles et approchent de celles des milans. Cet oiseau, bien décrit et très bien représenté par M. Edwards, n’est pas, comme le disent les auteurs de la Zoologie britannique, le henharrier, dont ils ont donné la figure. Ce sont des oiseaux différents, dont le premier, que nous appelons, d’après Belon, l’oiseau saint-martin, a, comme je l’ai dit, été indiqué par MM. Frisch et Brisson, sous le nom de faucon-lanier et lanier cendré ; le second de ces oiseaux, qui est le subbuteo de Gessner, et que nous appelons soubuse, a été nommé aigle à queue blanche par Albin, et faucon à collier par M. Brisson. Au reste, les fauconniers nomment cet oiseau saint-martin : la harpaye-épervier. Harpaye est parmi eux un nom générique qu’ils donnent non seulement à l’oiseau saint-martin, mais encore à la soubuse et au busard roux ou rousseau, dont nous parlerons dans la suite.


LA SOUBUSE

La soubuse[NdÉ 1] ressemble à l’oiseau saint-martin par le naturel et les mœurs : tous deux volent bas pour saisir des mulots et des reptiles ; tous deux entrent dans les basses-cours, fréquentent les colombiers pour prendre les jeunes pigeons, les poulets ; tous deux sont oiseaux ignobles, qui n’attaquent que les faibles, et dès lors on ne doit les appeler ni faucons ni laniers comme l’ont fait nos nomenclateurs. Je voudrais donc retrancher de la liste des faucons ce faucon à collier, et ne lui laisser que le nom de soubuse, comme au lanier cendré celui d’oiseau saint-martin.

Le mâle dans la soubuse est, comme dans les autres oiseaux de proie, considérablement plus petit que la femelle ; mais l’on peut remarquer en les comparant qu’il n’a point comme elle de collier, c’est-à-dire de petites plumes hérissées autour du cou : cette différence, qui paraîtrait être un caractère spécifique, nous portait à croire que l’oiseau qui n’a pas ce collier n’était pas le mâle de la soubuse femelle ; mais de très habiles fauconniers nous ont assuré la chose comme certaine, et, en y regardant de près, nous avons en effet trouvé les mêmes proportions entre la queue et les ailes, la

  1. Les deux animaux décrits par Buffon sous le nom d’oiseau saint-martin et de soubuse appartiennent, d’après Cuvier, à une même espèce, à laquelle on donne aujourd’hui le nom de Strigiceps cineraceus, et vulgairement celui d’oiseau saint-martin. [Note de Wikisource : Il n’est pas aussi sûr que ces animaux soient de la même espèce. Le busard cendré (Circus pygargus Linnæus, ici désigné Strigiceps cineraceus) est facilement confondu avec le busard saint-martin (Circus cyaneus Linnæus), notamment pour les femelles et juvéniles de chaque espèce, qui ne diffèrent que très peu entre eux. Il est impossible au vu des seules informations données par Buffon de savoir s’il a décrit séparément deux spécimens d’une même espèce ou un spécimen de chaque espèce, et, dans ce dernier cas, de déterminer à quelle espèce correspond chaque article.]