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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/139

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même distribution dans les couleurs, la même forme de cou, de tête et de bec, etc. ; en sorte que nous n’avons pu résister à leur avis : ce qui sur cela nous rendait plus difficiles, c’est que presque tous les naturalistes ont donné à la soubuse un mâle tout différent, et qui est celui que nous avons appelé oiseau saint-martin ; et ce n’est qu’après mille et mille comparaisons, que nous avons cru pouvoir nous déterminer avec fondement contre leur autorité. Nous observerons que la soubuse se trouve en France aussi bien qu’en Angleterre ; qu’elle a les jambes longues et menues comme l’oiseau saint-martin ; qu’elle pond trois ou quatre œufs rougeâtres dans des nids qu’elle construit sur des buissons épais ; qu’enfin ces deux oiseaux, avec celui dont nous parlerons dans l’article suivant sous le nom de harpaye, semblent former un petit genre à part plus voisin de celui des milans et des buses que de celui des faucons.


LA HARPAYE

Harpaye[NdÉ 1] est un ancien nom générique que l’on donnait aux oiseaux du genre des busards ou busards de marais, et à quelques autres espèces voisines, telles que la soubuse et l’oiseau saint-martin, qu’on appelait harpaye-épervier : nous avons rendu ce nom spécifique en l’appliquant à l’espèce dont il est ici question, à laquelle les fauconniers d’aujourd’hui donnent le nom de harpaye rousseau ; nos nomenclateurs l’ont nommé busard roux, et M. Frisch l’a appelé improprement vautour-lanier moyen, comme il a de même, et tout aussi improprement, appelé le busard de marais grand vautour-lanier : nous avons préféré le nom simple de harpaye, parce qu’il est certain que cet oiseau n’est ni un vautour ni un busard : il a les mêmes habitudes naturelles que les deux oiseaux dont nous avons parlé dans les deux articles précédents ; il prend le poisson comme le jean-le-blanc, et le tire vivant hors de l’eau ; il paraît, dit M. Frisch, avoir la vue plus perçante que tous les autres oiseaux de rapine, ayant les sourcils plus avancés sur les yeux. Il se trouve en France comme en Allemagne, et fréquente de préférence les lieux bas et les bords des fleuves et des étangs ; et comme pour le reste de ses habitudes naturelles il ressemble aux précédents, nous n’entrerons pas à son sujet dans un plus grand détail.


  1. C’est le Circus rufus des ornithologistes modernes [Note de Wikisource : actuellement Circus aeruginosus Linnæus, vulgairement busard harpaye ou busard des roseaux]. Les Circus sont des Rapaces de la famille des Accipitridés et de la sous-famille des Circiens. Cet animal appartient, sans nul doute, à la même espèce que la suivante.