Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et si on ne veut pas le regarder comme une variété de l’espèce du milan d’Europe, on peut au moins assurer que c’est le genre dont il approche le plus, et que son espèce est infiniment plus voisine de celle du milan que de celle de l’épervier.

II. — L’oiseau appelé caracara par les Indiens du Brésil, et dont Marcgrave a donné la figure et une assez courte indication[1], puisqu’il se contente de dire que le caracara du Brésil, nommé gavion par les Portugais, est une espèce d’épervier[NdÉ 1] ou de petit aigle (nisus) de la grandeur d’un milan ; qu’il a la queue longue de neuf pouces, les ailes de quatorze, qui ne s’étendent pas lorsqu’elles sont pliées jusqu’à l’extrémité de la queue ; le plumage roux et taché de points blancs et jaunes ; la queue variée de blanc et de brun ; la tête comme celle d’un épervier ; le bec noir, crochu et médiocrement grand ; les pieds jaunes, les serres semblables à celles des éperviers, avec des ongles semi-lunaires, longs, noirs et très aigus, et les yeux d’un beau jaune ; il ajoute que cet oiseau est le grand ennemi des poules et qu’il varie dans son espèce, en ayant vu d’autres dont la poitrine et le ventre étaient blancs.

III. — L’oiseau des terres de la baie d’Hudson, auquel M. Edwards a donné le nom de buse cendrée[2][NdÉ 2], et qu’il a décrit à peu près dans les termes suivants. Cet oiseau est de la grandeur d’un coq ou d’une poule de moyenne grosseur : il ressemble par la figure, et en partie par les couleurs, à la buse commune ; le bec et la peau qui en couvre la base sont d’une couleur plombée bleuâtre ; la tête et la partie supérieure du cou sont couvertes de plumes blanches, tachées de brun foncé dans leur milieu. La poitrine est blanche comme la tête, mais marquée de taches brunes plus grandes. Le ventre et les côtés sont couverts de plumes brunes, marquées de taches blanches, rondes ou ovales ; les jambes sont couvertes de plumes douces et blanches, irrégulièrement tachées de brun ; les couvertures du dessous de la queue sont

  1. Marcgrave, Hist. nat. Brasil., p. 211.
  2. « The ash coloured Buzzard. » Edwards, Hist. of Birds, t. II, p. 53, pl. liii, avec une figure bien coloriée.
  1. C’est le Polyborus brasiliensis des ornithologistes modernes [Note de Wikisource : actuellement Caracara plancus Miller, vulgairement caracara huppé], de la famille des Falconiens. Il est répandu dans toute l’Amérique du Sud, où il vit dans les forêts clairsemées, les steppes et surtout les marais. Il se nourrit de toutes sortes d’animaux et même de cadavres putréfiés. « Que le berger attentif, dit A. d’Orbigny, ne perde pas un instant de vue sa brebis prête à mettre bas ; car le caracara la guette, et la moindre négligence peut coûter la vie au jeune agneau bientôt déchiré par le cordon ombilical ; aussi avons-nous vu le chien de berger de la province de Corrientes, actif autant que judicieux, s’empressant autour du troupeau que seul il conduit, surveille et ramène, n’en laisser jamais impunément approcher un caracara. »
  2. D’après Cuvier, l’oiseau décrit ici par Buffon représenterait le jeune âge du gerfaut cendré (Falco atricapillus) [Note de Wikisource : il s’agirait alors d’une sous-espèce de l’autour des palombes, l’Accipiter gentilis atricapillus Wilson ; cf. l’article de l’Autour].