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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/144

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On observera que le tiercelet-sors d’épervier diffère du tiercelet-hagard, en ce que le sors a la poitrine et le ventre beaucoup plus blancs et avec beaucoup moins de mélange de roux que le tiercelet-hagard, qui a ces parties presque entièrement rousses et traversées de bandes brunes ; au lieu que l’autre n’a sur la poitrine que des taches ou des bandes beaucoup plus irrégulières. Le tiercelet d’épervier s’appelle mouchet par les fauconniers ; il est d’autant plus brun sur le dos qu’il est plus âgé, et les bandes transversales de la poitrine ne sont bien régulières que quand il a passé sa première ou sa seconde mue. Il en est de même de la femelle, qui n’a des bandes régulières que lorsqu’elle a passé sa seconde mue ; et, pour donner une idée plus détaillée de ces différences et de ces changements dans la distribution des couleurs, nous remarquerons que sur le tiercelet-sors ces taches de la poitrine et du ventre sont presque toutes séparées les unes des autres, et qu’elles présentent plutôt la figure d’un cœur ou d’un triangle émoussé qu’une suite continue et uniforme de couleur brune, telle qu’on la voit dans les bandes transversales de la poitrine et du ventre du tiercelet-hagard d’épervier, c’est-à-dire du tiercelet qui a subi ses deux premières mues. Les mêmes changements arrivent dans la femelle ; ces bandes transversales brunes ne sont dans la première année que des taches séparées ; et l’on verra, dans l’article de l’autour, que ce changement est encore plus considérable que dans l’épervier ; rien ne prouve mieux combien sont fautives les indications que nos nomenclateurs ont voulu tirer de la distribution des couleurs, que de voir le même oiseau porter la première année des taches ou des bandes longitudinales brunes, descendant du haut en bas, et présenter, au contraire, dans la seconde année, des bandes transversales de la même couleur. Ce changement, quoique très singulier, est plus sensible dans l’autour et dans les éperviers, mais il se trouve aussi plus ou moins dans plusieurs autres espèces d’oiseaux ; de sorte que toutes les méthodes fondées sur l’énonciation des différences de couleur et de la distribution des taches se trouvent ici entièrement démenties.

L’épervier reste toute l’année dans notre pays ; l’espèce en est assez nombreuse : on m’en a apporté plusieurs dans la plus mauvaise saison de l’hiver, qu’on avait tués dans les bois ; ils sont alors très maigres et ne pèsent que six onces : le volume de leur corps est à peu près le même que celui du corps d’une pie ; la femelle est beaucoup plus grosse que le mâle ; elle fait son nid sur les arbres les plus élevés des forêts ; elle pond ordinairement quatre ou cinq œufs, qui sont tachés d’un jaune rougeâtre vers leurs bouts. Au reste l’épervier, tant mâle que femelle, est assez docile : on l’apprivoise aisément, et l’on peut le dresser pour la chasse des perdreaux et des cailles ; il prend aussi des pigeons séparés de leur compagnie et fait une prodigieuse destruction des pinsons et des autres petits oiseaux qui se