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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/146

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L’AUTOUR

L’autour[NdÉ 1] est un bel oiseau beaucoup plus grand que l’épervier, auquel il ressemble néanmoins par les habitudes naturelles et par un caractère qui leur est commun, et qui, dans les oiseaux de proie, n’appartient qu’à eux et aux pies-grièches : c’est d’avoir les ailes courtes ; en sorte que, quand elles sont pliées, elles ne s’étendent pas à beaucoup près à l’extrémité de la queue ; il ressemble encore à l’épervier, parce qu’il a, comme lui, la première plume de l’aile courte, arrondie par son extrémité, et que la quatrième plume de l’aile est la plus longue de toutes. Les fauconniers distinguent les oiseaux de chasse en deux classes ; savoir : ceux de la fauconnerie proprement dite, et ceux qu’ils appellent de l’autourserie ; et dans cette seconde classe ils comprennent non seulement l’autour, mais encore l’épervier, les harpayes, les buses, etc.

L’autour, avant sa première mue, c’est-à-dire pendant la première année de son âge, porte sur la poitrine et sur le ventre des taches brunes, perpendiculairement longitudinales ; mais lorsqu’il a subi ses deux premières mues, ces taches longitudinales disparaissent et il s’en forme de transversales qui durent ensuite pour tout le reste de la vie : en sorte qu’il est très facile de se tromper sur la connaissance de cet oiseau qui, dans deux âges différents, est marqué si différemment.

Au reste, l’autour a les jambes plus longues que les autres oiseaux qu’on pourrait lui comparer et prendre pour lui[1], comme le gerfaut, qui est à très peu près de sa grandeur ; le mâle autour est, comme la plupart des oiseaux de proie, beaucoup plus petit que la femelle : tous deux sont des oiseaux de poing et non de leurre ; ils ne volent pas aussi haut que ceux qui ont les ailes plus longues à proportion du corps ; ils ont, comme je l’ai dit, plusieurs habitudes communes avec l’épervier ; jamais ils ne tombent à plomb sur leur proie : ils la prennent de côté. On a vu par le récit de Belon, que nous avons cité, comment on peut prendre les éperviers : on peut prendre les autours de la même manière ; on met un pigeon blanc, pour qu’il soit vu de plus loin, entre quatre filets de neuf ou dix pieds de hauteur, et qui renferment autour du pigeon, qui est au centre, un espace de neuf ou dix pieds de longueur sur autant de largeur ; l’autour arrive obliquement, et la manière

  1. M. Linnæus a pris le gerfaut pour l’autour, gyr falco. Linn., Hist. nat., édition VI, gen. 36, sp. 10. Il est néanmoins très aisé de les distinguer, car ordinairement l’autour a les pieds d’un beau jaune, et le gerfaut les a pâles et bleuâtres.
  1. Astur palumbarius Temm. [Note de Wikisource : actuellement Accipiter gentilis Linnæus, vulgairement autour des palombes]. Les Astur sont des Rapaces de la famille des Accipitridés et de la sous-famille des Accipitriens. Ils ont le bec fort, recourbé ; la queue courte, arrondie ; des pattes fortes.