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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/147

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dont il s’empêtre dans les filets indique qu’ils ne se précipitent point sur leur proie, mais qu’ils l’attaquent de côté pour s’en saisir ; les entraves du filet ne l’empêchent pas de dévorer le pigeon, et il ne fait de grands efforts pour s’en débarrasser que quand il est repu.

L’autour se trouve dans les montagnes de Franche-Comté, du Dauphiné, du Bugey, et même dans les forêts de la province de Bourgogne et aux environs de Paris ; mais il est encore plus commun en Allemagne qu’en France, et l’espèce paraît s’être répandue dans les pays du Nord jusqu’en Suède ; et dans ceux de l’Orient et du Midi, jusqu’en Perse et en Barbarie ; ceux de Grèce sont les meilleurs de tous pour la fauconnerie, selon Belon : « Ils ont, dit-il, la tête grande, le cou gros et beaucoup de plumes ; ceux d’Arménie, ajoute-t-il, ont les yeux verts ; ceux de Perse les ont clairs, concaves et enfoncés ; ceux d’Afrique, qui sont les moins estimés, ont les yeux noirs dans le premier âge et rouges après la première mue » ; mais ce caractère n’est pas particulier aux autours d’Afrique ; ceux de notre climat ont les yeux d’autant plus rouges qu’ils sont plus âgés ; il y a même dans les autours de France une différence ou variété de plumage et de couleur qui a induit les naturalistes en une espèce d’erreur[1] ; on a appelé busard un autour dont le plumage est blond et dont le naturel, plus lâche que celui de l’autour brun et moins susceptible d’une bonne éducation, l’a fait regarder comme une espèce de buse ou busard, et lui en a fait donner le nom : c’est néanmoins très certainement un autour, mais que les fauconniers rejettent de leur école. Il y a encore une variété assez légère dans cet autour blond, qui consiste en ce qu’il s’en trouve dont les ailes sont tachées de blanc, et ce caractère lui a fait donner le nom de busard varié ; mais cet oiseau varié, aussi bien que celui qui est blond, sont également des autours, et non pas des busards.

J’ai fait nourrir longtemps un mâle et une femelle de l’espèce de l’autour brun ; la femelle était au moins d’un tiers plus grosse que le mâle ; il s’en fallait plus de six pouces que les ailes, lorsqu’elles étaient pliées, ne s’étendissent jusqu’à l’extrémité de la queue ; elle était plus grosse dès l’âge de quatre mois, qui m’a paru être le terme de l’accroissement de ces oiseaux, qu’un gros chapon. Dans le premier âge, jusqu’à cinq ou six semaines, ces oiseaux sont d’un gris blanc ; ils prennent ensuite du brun sur tout le dos, le cou et les ailes ; le ventre et le dessous de la gorge changent moins et sont ordinairement blancs ou blanc jaunâtre, avec des taches longitudinales brunes dans la première année, et des bandes transversales brunes

  1. M. Brisson a donné sous le nom de gros busard (t. Ier, p. 398) cet autour blond, dont il fait une espèce particulière, non seulement différente de celle de l’autour, mais encore de toutes les autres espèces de busards ; cependant il est très certain que ce n’est qu’une variété, même légère, dans l’espèce de l’autour, car il n’en diffère en rien que par la couleur du plumage.