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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/161

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noirâtres ; il y en a d’autres de cette espèce, qui sont aussi tout blancs, à l’exception de quelques taches brunes sur le dos et sur les ailes et de quelques raies brunes sur la queue[1] ; comme ce faucon blanc est de la même grandeur que notre faucon et qu’il n’en diffère que par la blancheur, qui est la couleur que les oiseaux, comme les autres animaux, prennent assez généralement dans les pays du Nord, on peut présumer avec fondement que ce n’est qu’une variété de l’espèce commune, produite par l’influence du climat ; cependant il paraît qu’en Islande il y a aussi des faucons de la même couleur que les nôtres, mais qui sont un peu plus gros et qui ont les ailes et la queue plus longues ; comme ils ressemblent presque en tout à notre faucon et qu’ils n’en diffèrent que par ces légers caractères, on ne doit pas les séparer de l’espèce commune. Il en est de même de celui qu’on appelle faucon gentil, que presque tous les naturalistes ont donné comme différent du faucon commun, tandis que c’est le même, et que le nom de gentil ne leur est appliqué que lorsqu’ils sont bien élevés, bien faits et d’une jolie figure ; aussi nos anciens auteurs de fauconnerie ne comptaient que deux espèces principales de faucons, le faucon gentil, ou faucon de notre pays, et le faucon pèlerin, ou étranger, et regardaient tous les autres comme de simples variétés de l’une ou de l’autre de ces deux espèces. Il arrive, en effet, quelques faucons des pays étrangers qui ne font que se montrer sans s’arrêter et qu’on prend au passage ; il en vient surtout du côté du Midi, que l’on prend à Malte, et qui sont beaucoup plus noirs que nos faucons d’Europe ; on en a pris même quelquefois de cette espèce en France ; c’est par cette raison que nous avons cru pouvoir l’appeler faucon passager ; il paraît que ce faucon noir passe en Allemagne comme en France, car c’est le même que M. Frisch a donné sous le nom de falco fuscus, faucon brun, et qu’il voyage beaucoup plus loin ; car c’est encore le même faucon que M. Edwards à décrit et représenté tome Ier, page 4, sous le nom de faucon noir de la baie d’Hudson, et qui, en effet, lui avait été envoyé de ce climat. J’observerai à ce sujet que le faucon passager ou pèlerin, décrit par M. Brisson, page 341, n’est point du tout un faucon étranger ni passager, et que c’est absolument le même que notre faucon-hagard ; en sorte que l’espèce du faucon commun ou passager ne nous est connue jusqu’à présent que par le faucon d’Islande, qui n’est qu’une variété de l’espèce commune, et par le faucon noir d’Afrique, qui en diffère assez, surtout par la couleur, pour pouvoir être regardé comme formant une espèce différente.

On pourrait peut-être rapporter à cette espèce le faucon tunisien ou punicien dont parle Belon[2], « et qu’il dit être un peu plus petit que le faucon pèlerin, qui a la tête plus grosse et ronde, et qui ressemble, par la gran-

  1. Brisson, t. Ier, p. 326.
  2. Belon, Hist. nat. des Oiseaux, p. 117.