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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/160

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la plus ordinaire des pieds du faucon est verdâtre, et que quand il s’en trouve qui ont les pieds et la membrane du bec jaunes, les fauconniers les appellent faucons bec jaune et les regardent comme les plus laids et les moins nobles de tous les faucons, en sorte qu’ils les rejettent de l’école de la fauconnerie ; j’observerai encore qu’ils se servent du tiercelet de faucon, c’est-à-dire du mâle, lequel est d’un tiers plus petit que la femelle, pour voler les perdrix, pies, geais, merles et autres oiseaux de cette espèce, au lieu qu’on emploie la femelle au vol du lièvre, du milan, de la grue et des autres grands oiseaux.

Il paraît que cette espèce de faucon, qui est assez commune en France, se trouve aussi en Allemagne. M. Frisch[1] a donné la figure coloriée d’un faucon-sors à pieds et à membrane du bec jaunes, sous le nom de entenstosser ou schwartz-braune habigt, et il s’est trompé en lui donnant le nom d’autour brun, car il diffère de l’autour par la grandeur et par le naturel. Il paraît qu’on trouve aussi en Allemagne, et quelquefois en France, une espèce différente de celle-ci, qui est le faucon pattu à tête blanche, que M. Frisch appelle mal à propos vautour. « Ce vautour à pieds velus ou à culotte de plume est, dit-il, de tous les oiseaux de proie diurnes à bec crochu le seul qui ait des plumes jusqu’à la partie inférieure des pieds, auxquels elles s’appliquent exactement ; l’aigle des rochers a aussi des plumes semblables, mais qui ne vont que jusqu’à la moitié des pieds ; les oiseaux de proie nocturnes, comme les chouettes, en ont jusqu’aux ongles, mais ces plumes sont une espèce de duvet ; ce vautour poursuit toute sorte de proie, et on ne le trouve jamais auprès des cadavres[2]. » C’est parce que ce n’est pas un vautour, mais un faucon[NdÉ 1], qu’il ne se nourrit pas de cadavres, et ce faucon a paru à quelques-uns de nos naturalistes assez semblable à notre faucon de France[3] pour n’en faire qu’une variété ; s’il ne différait, en effet, de notre faucon que par la blancheur de la tête, tout le reste est assez semblable pour qu’on ne dût le considérer que comme variété ; mais le caractère des pieds couverts de plumes jusqu’aux ongles me paraît être spécifique, ou tout au moins l’indice d’une variété constante, et qui fait race à part dans l’espèce du faucon.

Une seconde variété est le faucon blanc, qui se trouve en Russie et peut-être dans les autres pays du Nord ; il y en a de tout à fait blancs et sans taches, à l’exception de l’extrémité des grandes plumes des ailes, qui sont

  1. Voici ce que M. Frisch dit de cet oiseau, qu’il appelle l’ennemi des canards ou l’autour d’un brun noir ; « Il a été pourvu par la nature de longues ailes et de plumes serrées les unes sur les autres… C’est des oiseaux de proie l’un des plus vigoureux ; il poursuit de préférence les canards, les poules d’eau et autres oiseaux d’eau. » Pl. lxxiv.
  2. Frisch, pl. lxxv, avec une figure coloriée. — Le faucon à tête blanche. Brisson, t. Ier, p. 325, et t. VI, Supplément, p. 22, pl. i.
  3. Voyez l’Ornithologie de M. Brisson, p. 325.
  1. C’est le Falco lagopus Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Buteo lagopus Pontoppidan, vulgairement buse pattue].