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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/228

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couronné (c’est-à-dire le grand duc) dans les terres qui avoisinent la baie d’Hudson : il est, dit cet auteur, d’un blanc éblouissant, et l’on a peine à le distinguer de la neige ; il y paraît pendant toute l’année, il vole souvent en plein jour et donne la chasse aux perdrix blanches[1]. On voit, par tous ces témoignages, que le harfang, qui est sans comparaison la plus grande de toutes les chouettes, se trouve assez communément dans les terres septentrionales des deux continents[2], mais qu’apparemment cet oiseau craint le chaud, puisqu’on ne le trouve dans aucun pays du Midi[NdÉ 1].

IV.LE CHAT-HUANT DE CAYENNE.

L’oiseau que nous avons cru devoir appeler le chat-huant de Cayenne[NdÉ 2], qui n’a été indiqué par aucun naturaliste, est, en effet, de la grandeur du chat-huant, dont cependant il diffère par la couleur des yeux qu’il a jaunes, en sorte qu’on pourrait peut-être le rapporter également à l’espèce de l’effraie ; mais, dans le vrai, il ne ressemble ni à l’un ni à l’autre, et nous paraît être un oiseau différent de tous ceux que nous avons indiqués : il est particulièrement remarquable par son plumage roux, rayé transversalement de lignes en ondes brunes et très étroites, non seulement sur la poitrine et le ventre, mais même sur le dos ; il a aussi le bec couleur de chair et les ongles noirs. Cette courte description suffira pour faire distinguer cette espèce nouvelle de toutes les autres chouettes.

V.LA CHOUETTE OU GRANDE CHEVÈCHE DE CANADA.

Cet oiseau, qui a été indiqué par M. Brisson[3], sous le nom de chat-huant de Canada[NdÉ 3], nous a paru approcher beaucoup plus de l’espèce de

  1. Voyage de la baie d’Hudson, t. Ier, pages 55 et 56. — Nota. J’ai déjà averti que ces perdrix étaient des gelinottes.
  2. On le trouve, comme on voit, en Laponie, en Suède et dans le Nord de l’Allemagne ; on le trouve à la baie d’Hudson et en Pensylvanie ; on le trouve aussi en Islande, car Anderson l’a fait dessiner et graver. Voyez la Description de l’Islande, par Anderson, t. Ier, p. 85, pl. i ; et quoique Horrobous, qui a fait la critique de l’ouvrage d’Anderson, assure qu’il n’y a aucun hibou ni chouette en Islande, ce fait négatif et général ne doit pas être admis sur la parole d’un seul garant, dont il paraît que le but principal était de contredire Anderson.
  3. Brisson, Ornithol., t. Ier, p. 518, pl. xxxvii, fig. 2.
  1. Le Harfang des neiges paraît dépasser en hardiesse tous les autres oiseaux de la famille des Strigidés. On raconte qu’il attaque les chiens et que, quand il est blessé, il se retourne contre le chasseur lui-même. Le nom suédois, Haarfang, donné à cet oiseau signifie « preneur de lièvres », ce qui indique qu’il se livre à la chasse des gros mammifères. D’après Radde, sur les hauts plateaux déboisés de la Transbeikalie il se nourrit surtout de marmottes, dont il fait une très grande consommation. En Europe, il se nourrit habituellement de petits rongeurs, notamment de lemmings. Audubon l’a vu, sur les bords de l’Ohio, faire la chasse aux poissons.
  2. C’est le Strix cayennensis Gmel. [Note de Wikisource : probablement une variété de l’actuelle Strix hylophila Temminck, vulgairement chouette dryade].
  3. Strix canadensis [Note de Wikisource : il s’agit du même oiseau que celui que Buffon appelle grande chevêche et qui est appelé maintenant hibou des marais, soit Asio flammeus Pontoppidan].