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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/239

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Les excréments solides ressemblent beaucoup à ceux des brebis et des chèvres ; ils sont divisés en petites masses, dont le volume n’a aucun rapport avec la capacité des intestins où ils se sont formés : dans les intestins grêles, ils se présentent sous la forme d’une bouillie, tantôt verte et tantôt noire, selon la quantité des aliments, qui prennent de la consistance en approchant des gros intestins, mais qui ne se figurent, comme je l’ai déjà dit, que dans le second colon[1].

On trouve quelquefois, aux environs de l’anus, de petits sacs à peu près pareils à ceux que les lions et les tigres ont au même endroit.

Le mésentère est transparent dans toute son étendue, et large d’un pied en de certains endroits. Vallisnieri prétend y avoir vu des vestiges non obscurs de vaisseaux lymphatiques ; Ramby dit aussi que les vaisseaux du mésentère sont fort apparents, et il ajoute que les glandes en sont à peine visibles[2] ; mais il faut avouer qu’elles ont été absolument invisibles pour la plupart des autres observateurs.

Le foie est divisé en deux grands lobes, comme dans l’homme, mais il est situé plus au milieu de la région des hypocondres, et n’a point de vésicule du fiel : la rate est contiguë au premier estomac, et pèse au moins deux onces.

Les reins sont fort grands, rarement découpés en plusieurs lobes, comme dans les oiseaux, mais le plus souvent en forme de guitare, avec un bassin assez ample.

Les uretères ne sont point non plus comme dans la plupart des autres oiseaux, couchés sur les reins, mais renfermés dans leur substance[3].

L’épiploon et très petit, et ne recouvre qu’en partie le ventricule ; mais à la place de l’épiploon, on trouve quelquefois sur les intestins et sur tout le ventre, une couche de graisse ou de suif, renfermée entre les aponévroses des muscles du bas-ventre, épaisse depuis deux doigts jusqu’à six pouces[4] ; et c’est de cette graisse mêlée avec le sang que se forme la mantèque, comme nous le verrons plus bas : cette graisse était fort estimée et fort chère chez les Romains, qui, selon le témoignage de Pline, la croyaient plus efficace que celle de l’oie, contre les douleurs de rhumatisme, les tumeurs froides, la paralysie ; et encore aujourd’hui les Arabes l’emploient aux mêmes usages[5]. Vallisnieri est peut-être le seul qui, ayant apparemment disséqué des autruches fort maigres, doute de l’existence de cette graisse, d’autant plus qu’en Italie la maigreur de l’autruche a passé en proverbe, magro come uno

  1. Vallisnieri, ubi supra.
  2. Transactions philosophiques, no 386.
  3. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 142.
  4. Ramby, Transactions philosophiques, no 386. — G. Warren, ibid., no 394. — Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 129.
  5. The World displayed, t. XIII, p. 15.