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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/238

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Les deux cæcums naissent ou du commencement du colon, selon les anatomistes de l’Académie, ou de la fin de l’iléon, selon le docteur Ramby[1] ; chaque cæcum forme une espèce de cône creux, long de deux ou trois pieds, large d’un pouce à sa base, garni à l’intérieur d’une valvule en forme de lame spirale, faisant environ vingt tours de la base au sommet, comme dans le lièvre, le lapin et dans le renard marin, la raie, la torpille, l’anguille de mer, etc.

Le colon a aussi ses valvules en feuillet, mais au lieu de tourner en spirale comme dans le cæcum, la lame ou feuillet de chaque valvule forme un croissant qui occupe un peu plus que la demi-circonférence du colon ; en sorte que les extrémités des croissants opposés empiètent un peu les unes sur les autres, et se croisent de toute la quantité dont elles surpassent le demi-cercle, structure qui se retrouve dans le colon du singe et dans le jéjunum de l’homme, et qui se marque au dehors de l’intestin par des cannelures transversales, parallèles, espacées d’un demi-pouce, et répondant aux feuillets inférieurs ; mais ce qu’il y a de remarquable, c’est que ces feuillets ne se trouvent pas dans toute la longueur du colon, ou plutôt c’est que l’autruche a deux colons bien distincts, l’un plus large et garni de ces feuillets intérieurs en forme de croissants, sur une longueur d’environ huit pieds, l’autre plus étroit et plus long, qui n’a ni feuillets ni valvules, et s’étend jusqu’au rectum. C’est dans ce second colon que les excréments commencent à se figurer, selon Vallisnieri.

Le rectum est fort large, long d’environ un pied, et muni à son extrémité de fibres charnues : il s’ouvre dans une grande poche ou vessie composée des mêmes membranes que les intestins, mais plus épaisse, et dans laquelle on a trouvé quelquefois jusqu’à huit pouces d’urine[2], car les uretères s’y rendent aussi par une insertion très oblique, telle qu’elle a lieu dans la vessie des animaux terrestres ; et non seulement ils y charrient l’urine, mais encore une certaine pâte blanche qui accompagne les excréments de tous les oiseaux.

Cette première poche, à qui il ne manque qu’un col pour être une véritable vessie, communique, par un orifice muni d’une espèce de sphincter, à une seconde et dernière poche plus petite, qui sert de passage à l’urine et aux excréments solides, et qui est presque remplie par une sorte de noyau cartilagineux, adhérant par sa base à la jonction des os pubis, et refendu par le milieu à la manière des abricots.

  1. Transactions philosophiques, no 386.
  2. L’urine d’autruche enlève les taches d’encre, selon Hermolaüs ; ce fait peut n’être point vrai, mais Gessner a eu tort de le nier sur le fondement unique qu’aucun oiseau n’avait d’urine ; car tous les oiseaux ont des reins, des uretères, et par conséquent de l’urine, et ils ne diffèrent des quadrupèdes, sur ce point, qu’en ce que chez eux le rectum s’ouvre dans la vessie.