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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/245

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M. Perrault le suppose, puisqu’il attribue à un certain muscle la fonction de fermer la glotte en rapprochant les cartilages du larynx[1] : G. Warren prétend avoir vu une épiglotte dans le sujet qu’il a disséqué[2] ; et Vallisnieri concilie toutes ces contrariétés en disant qu’en effet il n’y a pas précisément une épiglotte[NdÉ 1], mais que la partie postérieure de la langue en tient lieu, en s’appliquant sur la glotte dans la déglutition[3].

Il y a aussi diversité d’avis sur le nombre et la forme des anneaux cartilagineux du larynx : Vallisnieri n’en compte que deux cent dix-huit, et soutient avec M. Perrault qu’ils sont tous entiers : Warren en a trouvé deux cent vingt-six entiers, sans compter les premiers qui ne le sont point, non plus que ceux qui sont immédiatement au-dessous de la bifurcation de la trachée. Tout cela peut être vrai, attendu les grandes variétés auxquelles est sujette la structure des parties internes ; mais tout cela prouve en même temps combien il est téméraire de vouloir décrire une espèce entière d’après un petit nombre d’individus, et combien il est dangereux, par cette méthode, de prendre ou de donner des variétés individuelles pour des caractères constants. M. Perrault a observé que chacune des deux branches de la trachée-artère se divise, en entrant dans le poumon, en plusieurs rameaux membraneux, comme dans l’éléphant[4].

Le cerveau, avec le cervelet, forme une masse d’environ deux pouces et demi de long sur vingt lignes de large : Vallisnieri assure que celui qu’il a examiné ne pesait qu’une once, ce qui ne ferait pas la douze centième partie du poids de l’animal ; il ajoute que la structure en était semblable à celle du cerveau des oiseaux, et telle précisément qu’elle est décrite par Willis ; je remarquerai néanmoins, avec MM. les anatomistes de l’Académie, que les dix paires de nerfs prennent leur origine et sortent hors du crâne de la même manière que dans les animaux terrestres[NdÉ 2] ; que la partie corticale et la partie moelleuse du cervelet sont disposées comme dans ces mêmes animaux ; qu’on y trouve quelquefois les deux apophyses vermiformes qui se voient dans l’homme, et un ventricule, de la forme d’une plume à écrire, comme dans la plupart des quadrupèdes[5].

Je ne dirai qu’un mot sur les organes de la circulation, c’est que le cœur est presque rond, au lieu que les oiseaux l’ont ordinairement plus allongé.

À l’égard des sens externes, j’ai déjà parlé de la langue, de l’oreille et de

  1. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 142.
  2. Transactions philosophiques, no 394.
  3. Vallisnieri, t. Ier, p. 249.
  4. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 144.
  5. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 153.
  1. Chez les oiseaux il n’y a pas de véritable épiglotte.
  2. On admet aujourd’hui, chez les oiseaux comme chez les mammifères, douze paires de nerfs crâniens.