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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/273

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grande, et celle du dessus est garnie dans sa partie moyenne d’un rang de petits poils noirs, lequel s’arrondit au-dessus de l’œil en manière de sourcil, et forme au casoar[1] une sorte de physionomie que la grande ouverture du bec achève de rendre menaçante ; les orifices extérieurs des narines sont fort près de la pointe du bec supérieur.

Dans le bec, il faut distinguer la charpente du tégument qui la recouvre : cette charpente consiste en trois pièces très solides, deux desquelles forment le pourtour, et la troisième l’arête supérieure, qui est beaucoup plus relevée que dans l’autruche ; toutes les trois sont recouvertes par une membrane qui remplit les entre-deux.

Les mandibules supérieure et inférieure du bec ont leurs bords un peu échancrés vers le bout, et paraissent avoir chacune trois pointes.

La tête et le haut du cou n’ont que quelques petites plumes, ou plutôt quelques poils noirs et clair-semés, en sorte que dans ces endroits la peau paraît à découvert ; elle est de différentes couleurs, bleue sur les côtés, d’un violet ardoisé sous la gorge, rouge par derrière en plusieurs places, mais principalement vers le milieu ; et ces places rouges sont un peu plus relevées que le reste par des espèces de rides ou de hachures obliques dont le cou est sillonné ; mais il faut avouer qu’il y a variété dans la disposition de ces couleurs.

Les trous des oreilles étaient fort grands dans le casoar décrit par MM. de l’Académie[2], fort petits dans celui décrit par Clusius[3] ; mais découverts dans tous deux et environnés, comme les paupières, de petits poils noirs.

Vers le milieu de la partie antérieure du cou, à l’endroit où commencent les grandes plumes, naissent deux barbillons rouges et bleus, arrondis par le bout, que Bontius met dans la figure immédiatement au-dessus du bec, comme dans les poules. Frisch en a représenté quatre, deux plus longs sur les côtés du cou, et deux en devant, plus petits et plus courts ; le casque paraît aussi plus large dans sa figure, et approche de la forme d’un turban[4]. Il y a au Cabinet du Roi une tête qui paraît être celle d’un casoar, et qui porte un tubercule différent du tubercule du casoar ordinaire ; c’est au temps et à l’observation à nous apprendre si ces variétés, et celles que nous remarquerons dans la suite, sont constantes ou non ; si quelques-unes ne viendraient pas du peu d’exactitude des dessinateurs, ou si elles ne tiendraient pas à la différence du sexe ou à quelque autre circonstance. Frisch prétend avoir reconnu, dans deux casoars empaillés, des variétés qui distinguaient le mâle de la femelle ; mais il ne dit pas quelles sont ces différences.

  1. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 161.
  2. Ibidem, p. 161.
  3. Clusius, Exotic., lib. v, cap. iii, p. 98.
  4. Frisch, p. 105.