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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/274

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Le casoar a les ailes encore plus petites que l’autruche, et tout aussi inutiles pour le vol ; elles sont armées de piquants et même en plus grand nombre que celles de l’autruche. Clusius en a trouvé quatre à chaque aile, MM. de l’Académie cinq, et on en compte sept bien distincts dans la figure de Frisch, planche 105 : ce sont comme des tuyaux de plumes qui paraissent rouges à leur extrémité et sont creux dans toute leur longueur ; ils contiennent dans leur cavité une espèce de moelle semblable à celle des plumes naissantes des autres oiseaux ; celui du milieu a près d’un pied de longueur et environ trois lignes de diamètre, c’est le plus long de tous ; les latéraux vont en décroissant de part et d’autre comme les doigts de la main, et à peu près dans le même ordre. Swammerdam s’en servait en guise de chalumeau pour souffler des parties très délicates, comme les trachées des insectes, etc.[1]. On a dit que ces ailes avaient été données au casoar pour l’aider à aller plus vite[2] ; d’autres qu’il pouvait s’en servir pour frapper comme avec des houssines[3] ; mais personne ne dit avoir vu quel usage il en fait réellement ; le casoar a encore cela de commun avec l’autruche, qu’il n’a qu’une seule espèce de plumes sur tout le corps, aux ailes, autour du croupion, etc. ; mais la plupart de ces plumes sont doubles, chaque tuyau donnant ordinairement naissance à deux tiges plus ou moins longues et souvent inégales entre elles ; elles ne sont pas d’une structure uniforme dans toute leur longueur, les tiges sont plates, noires et luisantes, divisées par nœuds en dessous, et chaque nœud produit une barbe ou un filet, avec cette différence que depuis la racine au milieu de la tige ces filets sont plus courts, plus souples, plus branchus, et pour ainsi dire duvetés et d’une couleur de gris tanné, au lieu que depuis le milieu de la même tige à son extrémité, ils sont plus longs, plus durs et de couleur noire ; et comme ces derniers recouvrent les autres et sont les seuls qui paraissent, le casoar, vu de quelque distance, semble être un animal velu et du même poil que l’ours ou le sanglier : les plumes les plus courtes sont au cou, les plus longues autour du croupion, et les moyennes dans l’espace intermédiaire ; celles du croupion ont jusqu’à quatorze pouces, et retombent sur la partie postérieure du corps, elles tiennent lieu de la queue, qui manque absolument[4].

Il y a, comme à l’autruche, un espace calleux et nu sur le sternum, à l’endroit où porte le poids du corps lorsque l’oiseau est couché ; et cette partie est plus saillante et plus relevée dans le casoar que dans l’autruche[5].

  1. Collect. acad. étrangère, t. II de l’Histoire naturelle, p. 217.
  2. Clusius, Exotic., lib. v, cap. iii, p. 98.
  3. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 160.
  4. Idem, partie ii, p. 158.
  5. Voyages de la Compagnie hollandaise, t. VII, p. 349.