Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme celui de bien d’autres, d’avoir assuré de l’espèce ce qui n’était vrai que de l’individu.

M. Edwards reproche à Willughby de s’être trompé grossièrement, et d’avoir induit en erreur Albin, qui l’a copié en disant que l’outarde avait soixante pouces anglais de longueur du bout du bec au bout de la queue : en effet, celles que j’ai mesurées n’avaient guère plus de trois pieds, ainsi que celle de M. Brisson ; et la plus grande qui ait été mesurée par M. Edwards avait trois pieds et demi dans ce sens, et trois pieds neuf pouces et demi du bout du bec au bout des ongles[1] : les auteurs de la Zoologie britannique la fixent à près de quatre pieds anglais, ce qui revient à un peu moins de trois pieds neuf pouces de France[2] : l’étendue du vol varie de plus de moitié en différents sujets ; elle a été trouvée de sept pieds quatre pouces par M. Edwards, de neuf pieds par les auteurs de la Zoologie britannique, et de quatre pieds de France par M. Perrault, qui assure n’avoir jamais observé que des mâles, toujours plus gros que les femelles.

Le poids de cet oiseau varie aussi considérablement : les uns l’ont trouvé de dix livres[3], et d’autres de vingt-sept[4] et même de trente[5] ; mais, outre ces variétés dans le poids et la grandeur, on en a aussi remarqué dans les proportions ; tous les individus de cette espèce ne paraissent pas avoir été formés sur le même modèle. M. Perrault en a observé dont le cou était plus long, et d’autres dont le cou était plus court proportionnellement aux jambes ; et d’autres dont le bec était plus pointu ; d’autres dont les oreilles étaient recouvertes par des plumes plus longues[6] ; tous avaient le cou et les jambes beaucoup plus longs que ceux que Gessner et Aldrovande ont examinés. Dans les sujets décrits par M. Edwards, il y avait de chaque côté du cou deux places nues, de couleur violette, et qui paraissaient garnies de plumes lorsque le cou était fort étendu[7] ; ce qui n’a point été indiqué par les autres observateurs. Enfin M. Klein a remarqué que les outardes de Pologne ne ressemblaient pas exactement à celles de France et d’Angleterre[8] ; et en effet on trouve, en comparant les descriptions, quelques différences de couleurs dans le plumage, le bec, etc.

En général l’outarde se distingue de l’autruche, du touyou, du casoar et du dronte par ses ailes, qui, quoique peu proportionnées au poids de son corps, peuvent cependant l’élever et la soutenir quelque temps en l’air, au lieu que celles des quatre autres oiseaux que j’ai nommés sont absolu-

  1. Edwards, Hist. nat. of Birds, pl. lxxiii.
  2. On sait que le pied de Paris est plus long que celui de Londres de près de neuf lignes.
  3. Gesner, de Avibus, p. 488.
  4. British Zoology, page 87.
  5. Rzaczynski, Auctuarium, page 401.
  6. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 99 et 102.
  7. Edwards, Hist. nat. of Birds, pl. lxxiv.
  8. Hist. Avium, p. 18.