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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/308

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plus près[1] ; cependant, malgré un aveu aussi formel, Ray, et d’après lui M. Salerne, disent que la canepetière et le stella avis d’Aldrovande paraissent être de la même espèce[2], et M. Brisson place sans difficulté le stella d’Aldrovande parmi les synonymes de la petite outarde ; il semble même imputer à Charleton et à Willughby d’avoir pensé de même[3], quoique ces deux auteurs aient été fort attentifs à ne point confondre ces deux sortes d’oiseaux, que, selon toute apparence, ils n’avaient point vus[4].

D’un autre côté, M. Barrère, brouillant la petite outarde avec le râle, lui a imposé le nom d’ortygometra melina, et lui donne un quatrième doigt à chaque pied[5] ; tant il est vrai que la multiplicité des méthodes ne fait que donner lieu à de nouvelles erreurs, sans rien ajouter aux connaissances réelles.

Cet oiseau est une véritable outarde comme j’ai dit, mais construite sur une plus petite échelle, d’où M. Klein a pris occasion de l’appeler outarde naine[6] : sa longueur, prise du bout du bec au bout des ongles, est de dix-huit pouces, c’est-à-dire plus d’une fois moindre que la même dimension prise dans la grande outarde. Cette seule mesure donne toutes les autres, et il n’en faut pas conclure, avec M. Ray, que la petite outarde soit à la grande comme un est à deux[7], mais comme un est à huit, puisque les volumes des corps semblables sont entre eux comme les cubes de celles de leurs dimensions simples qui se correspondent ; sa grosseur est à peu près celle d’un faisan[8] ; elle a, comme la grande outarde, trois doigts seulement à chaque pied, le bas de la jambe sans plumes, le bec des gallinacés, et un duvet couleur de rose sous toutes les plumes du corps ; mais elle a deux pennes de moins à la queue, une penne de plus à chaque aile, dont les dernières pennes vont, l’aile étant pliée, presque aussi loin que les premières, par lesquelles on entend les plus éloignées du corps : outre cela, le mâle n’a point ces barbes de plumes qu’a le mâle de la grande espèce, et M. Klein

  1. Ornithol. Aldrov., t. II, p. 98. « Arbitrabar cum Bellonianâ canepetière eadem esse, sed ex collata utriusque descriptione, diversam esse judicavi. »
  2. Voyez Ray, Synopsis meth. Avium, p. 59 ; et Salerne, Hist. nat. des oiseaux, p. 454.
  3. Ornithologia, p. 25.
  4. Charleton en fait deux espèces différentes, dont l’une, qui est la neuvième de ses phytivores, est la canepetière, et l’autre, qui est la dixième espèce du même genre, est l’avis stella : sur celle-ci, il renvoie à Jonston, et il ne parle de l’autre que d’après Belon. À l’égard de Willughby, il ne donne nulle part le nom de stella à la canepetière (voyez son Ornithologie, p. 129), ni le nom de canepetière à l’avis stella (voyez la figure qui est au bas de la pl. xxxii et qui paraît copiée d’après celle de l’avis stella d’Aldrovande ; voyez aussi la table au mot stella).
  5. Specimen Ornitholog., class. iii, gen. xxxv, p. 62.
  6. « Tarda nana, an otis uti videtur, seu tarda aquatica. » Ordo Avium, p. 18, no 11. Voilà encore la petite outarde transformée expressément en oiseau aquatique.
  7. « Tardæ persimilis est, sed duplo minor. » Ray, Synopsis meth. Avium, p. 59.
  8. Qui voudra avoir la perspective d’une canepetière s’imagine voir une caille beaucoup madrée (tachetée) aussi grande comme une moyenne faisane. Belon, Hist. nat. des oiseaux, p. 233.