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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/318

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LE COQ


Cet oiseau[NdÉ 1], quoique domestique, quoique le plus commun de tous, n’est peut-être pas encore assez connu : excepté le petit nombre de personnes qui font une étude particulière des productions de la nature, il en est peu qui n’aient quelque chose à apprendre sur les détails de sa forme extérieure, sur la structure de ses parties internes, sur ses habitudes naturelles ou acquises, sur les différences qu’entraînent celles du sexe, du climat, des aliments ; enfin, sur les variétés des races diverses qui se sont séparées plus tôt ou plus tard de la souche primitive.

Mais si le coq est trop peu connu de la plupart des hommes, il n’est pas moins embarrassant pour un naturaliste à méthode, qui ne croit connaître un objet que lorsqu’il a su lui trouver une place dans ses classes et dans ses genres ; car si, prenant les caractères généraux de ses divisions méthodiques dans le nombre des doigts, il le met au rang des oiseaux qui en ont quatre, que fera-t-il de la poule à cinq doigts qui est certainement une poule, et même fort ancienne, puisqu’elle remonte jusqu’au temps de Columelle, qui en parle comme d’une race de distinction[1] ? Que s’il fait du coq une classe à part, caractérisée par la forme singulière de sa queue, où placera-t-il le coq sans croupion et par conséquent sans queue, et qui n’en est pas moins un coq ? Que s’il admet pour caractère de cette espèce d’avoir les jambes garnies de plumes jusqu’au talon, ne sera-t-il pas embarrassé du coq pattu qui a des plumes jusqu’à l’origine des doigts, et du coq du Japon

  1. « Generosissimæ creduntur quæ quinos habent digitos. » Columelle, lib. viii, cap. ii.
  1. La description de Buffon se rapporte incontestablement à plusieurs espèces du genre Gallus Briss. Les Gallus sont des oiseaux de l’ordre des Gallinacés et de la famille des Phasianidés, dans laquelle ils se distinguent par la présence d’une crête dentelée sur la tête, et d’un ou deux lobes charnus sous le bec ; par une queue possédant quatorze grandes tectrices, et chez le mâle de grandes plumes nommées couvertures, recourbées en faucille et retombant en arrière du corps. Dans tous les Phasianidés le bec est de longueur moyenne, courbé et déprimé à la pointe ; les ailes sont moyennes, arrondies, pourvues de rémiges secondaires souvent allongées. La queue est longue, large, pourvue d’un grand nombre de rémiges et, chez le mâle, de couvertures plus ou moins nombreuses et diversement disposées. Les pattes sont fortes, formées de trois doigts antérieurs réunis par une courte membrane et armés de griffes fortes, et d’un doigt postérieur, faible, placé assez haut, surmonté, chez le mâle, d’un ergot fort et plus ou moins allongé.